Désormais dotée d’un chef et d’un calendrier précis, la Zleca devrait entrer en vigueur le 1er juillet prochain.
Deux ans après sa création, la zone de libre-échange africaine devrait entrer en vigueur dès cette année 2020. Les précisions ont été apportées à l’issue du sommet de l’Union africaine, qui s’est achevé lundi 10 février à Addis-Abeba, après plusieurs jours de débats entre les membres. Désormais, la Zleca a son chef, le Sud-Africain Wamkele Mene, choisi parmi 120 candidats, et un calendrier précis a été annoncé. À 43 ans, cet économiste connaît bien le dossier puisqu’il était jusqu’à présent le négociateur en chef de l’Afrique du Sud pour la Zleca et représentait déjà son pays son au sein des instances de négociation de l’Organisation mondiale du commerce.
Les Africains pressent le pas
« Nous devons construire un marché dont les entreprises africaines devront être les acteurs principaux. Le temps du colonialisme et de l’impérialisme est révolu », a lancé, ravi, Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, qui a pris la tête de l’Union africaine pour un an. Le secrétariat de la Zleca sera situé à Accra, au Ghana. Et plusieurs instruments opérationnels ont été discutés, comme les règles d’origine qui régissent les conditions dans lesquelles un produit ou un service peut être échangé hors taxes dans toute la région, mais aussi les concessions tarifaires : un portail d’information sera mis en ligne pour informer en temps réel sur les tarifs applicables, etc. Et le secteur privé ? Selon l’ITC, plus de 40 % des entreprises africaines identifient le manque d’accès à l’information comme un facteur affectant l’environnement des affaires à travers le continent. La Zleca entend multiplier les points d’information en mettant en place un observatoire du commerce dédié. « Du point de vue du secteur privé, la priorité numéro un est d’augmenter les investissements et la production pour approvisionner le grand marché de 1,27 milliard de personnes avec une classe moyenne en croissance. Cela peut nécessiter la conclusion de partenariats ou de coentreprises pour entreprises » a dit le commissaire de l’Union africaine pour le Commerce et l’Industrie, Albert Mudenda Muchanga.
La zone de libre-échange continentale en Afrique (Zleca), officiellement lancée en juillet 2019 à Niamey, au Niger, avec l’objectif d’un démarrage du marché à partir du 1er juillet 2020, a été signée par la totalité des pays d’Afrique, exception faite de l’Érythrée. Au total, 27 d’entre eux l’ont déjà ratifiée. Leur ambition : éliminer les droits de douane sur environ 90 % des biens échangés, réduire les barrières non tarifaires et libéraliser les services entre eux. Ce projet, qui devrait porter les échanges intra-africains à 23 % d’ici à 2023, doit être opérationnel dès le 1er juillet prochain. Avant cela, un sommet exceptionnel de l’UA sur la Zleca est prévu en mai en Afrique du Sud. S’ensuivra une autre rencontre avec un lancement officiel au Tchad, en juillet.
D’immenses défis
Reste que, pour beaucoup, l’intégration africaine doit passer par un développement endogène des économies du continent. Outre les barrières douanières et celles liées aux normes, les entreprises opérant sur le continent sont confrontées au quotidien aux barrières liées aux infrastructures. Cet accord pourrait attirer plus d’investissements étrangers en facilitant aussi la création de chaînes d’approvisionnement régionales, qui ont été des moteurs importants de développement dans d’autres régions du monde. « Nous allons guider la mise en œuvre de l’Initiative présidentielle en faveur des infrastructures afin que les projets prioritaires et à l’impact le plus important fassent office de catalyseurs de la Zleca », a déclaré le président sud-africain. « Nous devons égaliser les règles du jeu pour les entreprises africaines afin qu’elles soient capables de fonctionner sur un marché à grande échelle non entravé par la fragmentation réglementaire. Cela fait partie intégrante du rééquilibrage des relations commerciales internationales », a expliqué Cyril Ramaphosa devant l’UA. Il s’est également engagé à promouvoir le potentiel de la Zleca au cours de son année de présidence de l’UA, ce qui donnera de l’élan à l’initiative de libre-échange continentale. Dans un rapport récent, le FMI a calculé que l’élimination des droits de douane sur 90 % des flux existants (selon l’objectif le plus ambitieux) entraînerait une augmentation d’environ 16 % du commerce régional (16 milliards de dollars). Autre contradiction : la volonté affichée de création d’une zone de libre-échange et en même temps l’application par certaines économies du continent de barrières tarifaires ou carrément de fermeture des frontières pour d’autres. De nombreux observateurs ont soulevé le problème posé par la fermeture des frontières terrestres nigérianes depuis le mois d’août 2019. Selon le président Buhari, la raison principale de la fermeture était de limiter la contrebande de marchandises telles que le riz et les textiles pour stimuler la production nationale.
Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée