Deux semaines après avoir publiquement scellé leur réconciliation, Macky Sall et Abdoulaye Wade se sont rencontrés samedi, à huis clos, au Palais présidentiel.
Deux semaines après s’être affiché main dans la main avec son prédécesseur à l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane, à Dakar, Macky Sall avait promis à Abdoulaye Wade de lui rendre visite « bientôt ».
Ce samedi 12 octobre, c’est pourtant le leader du PDS qui s’est présenté devant le chef de l’État, au Palais présidentiel. Une seconde apparition publique commune pour les deux hommes, irréconciliables depuis 2012.
Arrivés à la présidence de la République aux alentours de 17 heures, Abdoulaye Wade a été accueilli dès la descente de la voiture, et « avec tous les honneurs » par celui qui fut un temps son protégé. Tous deux drapés de boubous blancs, dans lesquels certains pourraient voir un symbole d’apaisement, ils ont foulé devant la presse les marches du Palais avant de s’isoler un salon.
Entretien en tête-à-tête
D’abord accompagnés de leurs délégations respectives (Aly ngouille Ndiaye, Augustin Tine ou Seydou Guèye côté présidentiel ; Mayoro Faye et Nafissatou Diallo notamment côté PDS), les patrons de l’APR et du PDS se sont ensuite longuement entretenus à huis clos.
Près de trois heures trente de discussions au cours desquelles les deux chefs d’État « ont fait un large tour d’horizon de la situation politique nationale », abordant notamment la question « du processus électoral et du statut du chef de l’opposition, thèmes qui seront repris lors du dialogue national », a annoncé le responsable de la communication du PDS Mayoro Faye, chargé de lire un communiqué conjoint à l’issue de la rencontre.
Le dossier Karim Wade
« Dans la perspective d’un potentiel gouvernement d’union nationale à venir, Abdoulaye Wade tient à sécuriser certains sujets qui devront être abordés lors du dialogue national », assurait déjà l’un de ses proches à Jeune Afrique avant la rencontre, évoquant la révision du code électoral, la gestion des ressources naturelles, mais avant tout le dossier Karim Wade.
Si la déclaration lue à la presse fait effectivement état des recommandations d’Abdoulaye Wade sur la gestion du pétrole du gaz, le nom de Karim Wade n’a en revanche pas été publiquement prononcé.
En exil au Qatar depuis 2016, le fils de l’ancien président est toujours sous la menace d’un retour en prison s’il remettait les pieds au Sénégal sans s’être acquitté de l’amende de près de 200 millions d’euros à laquelle il a été condamnée en 2015. Une contrainte par corps que « le Vieux » travaille à faire lever depuis plusieurs mois, comme l’annonçait Jeune Afrique dans son édition du 6 octobre.
« Fraternité » et « sérénité »
« Macky s’est engagé à en étudier les écueils techniques », confiait à ce sujet un leader de l’opposition proche d’Abdoulaye Wade interrogé par Jeune Afrique début octobre. En contrepartie Abdoulaye Wade, aurait accepté de mettre de l’eau dans son vin, notamment en participant au dialogue national convoqué par Macky Sall après avoir déposé ses armes d’opposant lors de l’élection présidentielle de février dernier.
Des négociations qui auraient trouvé un élan lors de la rencontre des deux hommes lors de la dernière Tabaski, selon un collaborateur de Macky Sall, et qui pourraient reprendre « à une date encore à définir ». À leur séparation vers 20h45, et après s’être réjoui d’une « rencontre toute empreinte de fraternité et de sérénité », Macky Sall a en effet réitéré sa promesse de rendre visite à Abdoulaye Wade, à son domicile cette fois-ci.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-exaucée