Le président de Guinée-Bissau José Mario Vaz a annoncé lundi 28 octobre démettre, avec effet immédiat, le gouvernement en place, enfonçant encore davantage ce petit pays d’Afrique de l’Ouest dans la crise et jetant le doute sur la tenue de la présidentielle, prévue le 24 novembre.
Le décret visant à démettre le gouvernement est le dernier épisode en date d’une confrontation de plusieurs mois entre la présidence et le gouvernement et sème l’incertitude sur les lendemains politiques de ce pays de moins de deux millions d’habitants.
Il y a quelques jours, le Premier ministre, Aristide Gomes, dénonçait un projet de coup d’État. Samedi les forces de l’ordre réprimaient violemment une tentative de manifestation de l’opposition, faisant un mort et plusieurs blessés.
Élection présidentielle compromise
Dans le décret 12/2019 publié lundi soir et lu sur les radios, le chef de l’État a fait le constat d’une « grave crise politique qui empêche le fonctionnement normal des institutions de la République », et décide de démettre le gouvernement. « Le présent décret présidentiel entre immédiatement en vigueur », stipule le deuxième et dernier article du texte. Les effets pratiques de cette décision sont incertains, mais elle semble de nature à compromettre la tenue de la présidentielle à la date prévue du 24 novembre, malgré l’insistance de la communauté internationale sur le respect du calendrier.
Indépendante depuis 1974, après une lutte de 11 ans, l’ancienne colonie portugaise a connu depuis lors quatre putschs, seize tentatives de coup d’État et une valse des gouvernements. La victoire de José Mario Vaz à la présidentielle de 2014 a marqué un retour progressif à la légalité constitutionnelle. Mais sa présidence à la tête d’un pays affligé par la pauvreté, la corruption et le trafic de drogue avec l’Amérique latine n’a pas mis fin à l’instabilité politique et les Premiers ministres se sont succédé ces dernières années.
José Mario Vaz a terminé son mandat de cinq ans le 23 juin. Depuis lors, il est resté à la tête du pays mais a laissé la conduite des affaires au gouvernement qu’il a formé début juillet, jusqu’à la tenue de la présidentielle, à la suite d’une décision de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
La Cour suprême a validé douze candidatures à la présidentielle, dont celles de José Mario Vaz et de Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui dirigeait jusqu’à lundi le gouvernement provisoire essentiellement chargé de préparer l’élection. L’opposition, qui, avec les indépendants, avait appelé à manifester samedi dernier, réclame une révision complète du fichier électoral, qui ne saurait avoir lieu sans un report du scrutin.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée