Il ne sera resté que sept mois à la tête de l’entreprise publique. Rachid Hachichi part le jour même de l’adoption d’une loi controversée sur les hydrocarbures.
« Le chef de l’État Abdelkader Bensalah a nommé Kamel-Eddine Chikhi au poste de président-directeur général du groupe Sonatrach, en remplacement de Rachid Hachichi ». C’est par ces mots qu’a été portée à la connaissance du public la décision du limogeage de Rachid Hachichi de la tête de cette société stratégique pour l’économie algérienne. Et les raisons justifiant cette décision n’ont pas été précisées. Pour rappel, Rachid Hachichi avait remplacé fin avril Abdelmoumen Ould Kaddour, à la tête depuis 2017 de Sonatrach, groupe détenu à 100 % par l’État qui tire 60 % de son budget et 95 % de ses recettes à l’exportation de ses hydrocarbures. Proche du président Abdelaziz Bouteflika, M. Ould Kaddour avait été débarqué quelques jours après la démission du chef de l’État, confronté à un mouvement inédit de contestation, après 20 ans de pouvoir.
Un changement dans un contexte compliqué
Kamel-Eddine Chikhi est géologue de formation et occupait en 2018 le poste de directeur des partenariats de Sonatrach, selon une présentation mise en ligne à l’occasion d’une conférence de l’Oil and Gas Council, un réseau de dirigeants du secteur des hydrocarbures. Sa nomination intervient au moment où les députés algériens ont adopté jeudi un projet de loi controversé, visant à assouplir et simplifier le régime juridique et fiscal du secteur des hydrocarbures, pour attirer les investisseurs étrangers qui s’en sont détournés. Le texte a suscité une virulente opposition en Algérie, car accusé de « brader » la richesse nationale aux multinationales, dans un contexte de contestation populaire massive du régime depuis neuf mois.
Troisième producteur d’Afrique de pétrole et parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz, l’Algérie a un besoin urgent de découvrir de nouveaux gisements pour remédier à de dangereux mouvements croisés de baisse continue de la production des gisements existants et de hausse de sa consommation nationale. Sonatrach, géant qui regroupe les activités d’exploration, de production, de raffinage et de transport du pétrole et du gaz, a été secoué ces dernières années par une série de scandales financiers et de corruption qui ont fait l’objet d’enquêtes en Algérie et à l’étranger.
Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée