En attendant une restitution effective, le Bénin et la France ont signé un accord pour renforcer leur coopération muséale et fixé un calendrier précis.
Un pas décisif a été fait cette semaine entre la France et le Bénin pour la restitution des œuvres culturelles. Souvenez-vous, le pays s’était fait remarquer en août 2016 en formulant une demande officielle de restitution des biens culturels pillés par l’armée française sous la houlette du colonel Dodds, devenu général à l’issue de la conquête du royaume du Danhomè (Dahomey). La plupart de ces pièces sont actuellement préservées dans les collections du musée du quai Branly à Paris, mais aussi dans plusieurs musées comme le musée de l’Homme ainsi que dans des collections privées en France. Quatre ans plus tard où en est la démarche du pays ? Il semblerait que les deux parties, française et béninoise, aient opté pour une restitution au long cours. Dans un premier temps, une coopération muséale est envisagée avant une remise des œuvres ou directement un transfert de propriété si la loi française arrivait à être votée entre-temps. Pendant ce temps, le gouvernement béninois doit se lancer dans la construction d’un musée à Abomey (à 150 kilomètres au nord de Cotonou) dans l’enceinte des anciens palais, car c’est de là que ces objets sont partis. Ce fut le royaume le plus dominant qui allait faire des razzias dans les villages des ethnies voisines pour vendre ses habitants aux marchands négriers. Financés par l’Agence française de développement, les travaux devraient durer deux ans. Et l’ouverture du musée se situer aux alentours d’automne 2021.
Le #Prbenin #PatriceTALON a reçu en audience ce lundi 16 décembre 2019, @franckriester, ministre français de la culture en visite au Bénin. La restitution des biens culturels du Bénin et d’autres projets culturels étaient au menu des échanges. #AudiencePr #BeninDiplomatie3022:26 – 16 déc. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialitéVoir les autres Tweets de Présidence du Bénin
26 objets concernés
Pour matérialiser ce mouvement, un accord a été signé à lundi 16 décembre dans la métropole béninoise entre le ministre béninois des Affaires étrangères et de la Coopération, Aurélien Agbénonci, et le ministre français de la Culture Franck Riester, en présence du ministre béninois du Tourisme, de la Culture et des Arts Jean-Michel Abimbola. « La signature de ce programme de travail commun est une nouvelle étape entrant dans le partenariat culturel entre nos deux pays de cette coopération muséale que nous avons jugée nécessaire en matière de formation, de partage de connaissances, mais aussi en matière de préparation de la restitution des 26 œuvres d’art, qui résulte de l’engagement du président français Emmanuel Macron », a déclaré le ministre français de la Culture lors d’un point de presse qui a suivi la signature de l’accord.
Il s’agit bien des 26 objets, notamment les totems sacrés et sceptres royaux, emportés par l’armée française lors de la conquête de novembre 1892, et qui sont actuellement répartis dans des musées français. Pillés en 1892 lors du sac du palais d’Abomey, ils sont devenus le symbole de la volonté de restitution des objets volés par la France quand elle était une puissance coloniale. En novembre 2018, le rapport rédigé par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy préconisait de rendre les œuvres des collections nationales si elles étaient issues du pillage. Dans la foulée, Emmanuel Macron avait promis que le Bénin retrouverait ses fameux objets. Début juillet, lors d’un grand forum dédié à la question des « patrimoines africains » à Paris, le ministre de la Culture, Franck Riester, a fièrement annoncé leur retour « rapide » en Afrique.
Cap sur 2020/2021
Six mois après avoir un temps temporisé, visiblement pris de court, le Bénin s’est réveillé et le ministre Abimbola, qui a dévoilé toutes les phases de ce programme de travail commun, a indiqué que la première étape de la préparation du retour des biens culturels au Bénin démarrera en janvier 2020. « Nous nous sommes entendus sur la restitution des œuvres en plusieurs étapes. La première des choses est l’engagement du président français de restituer 26 œuvres. Ensuite, une ouverture sur une discussion plus élargie en ce qui concerne l’ensemble des œuvres. Nous avons également discuté avec la partie française sur la possibilité d’organiser un événement culturel important à partir de cet été, dans un premier temps à Paris, et au dernier trimestre de 2020, voire début 2021, un deuxième événement à Cotonou », a-t-il précisé. De quoi marquer d’un geste fort l’ouverture d’« Africa 2020 » à Paris, si cher au président Macron.
Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée