Le journaliste d’investigation béninois Ignace Sossou a été condamné mardi à une peine de 18 mois de prison ferme et une amende de 200 000 francs CFA pour des publications sur les réseaux sociaux.
Ignace Sossou « a été condamné pour harcèlement par le biais de moyens de communications électroniques », a expliqué son avocate, Me Prisca Ogoubi. « Il était calme, mais n’avait pas l’air vraiment serein », a confié un autre journaliste béninois présent au tribunal, qui a confirmé la sentence.
Igance Sossou avait été interpellé le 19 décembre à son domicile par des éléments de l’Office central de répression de la cybercriminalité, avant d’être placé en garde à vue.
La veille de son arrestation, le journaliste avait posté sur ses pages Facebook et Twitter des propos attribués au procureur de la République Mario Metonou, intervenant lors d’une conférence organisée à Cotonou par l’agence française de développement média (CFI) pour débattre des « fake news ».
Les propos relayés semblaient assez critiques de l’attitude du pouvoir béninois vis-à-vis de la liberté d’expression. « La coupure d’Internet le jour du scrutin (législatif) du 28 avril est un aveu de faiblesse des gouvernants », aurait notamment déclaré le procureur, qui n’a pas publié de démenti par la suite.
Condamnations
Le journaliste travaille pour le média en ligne Bénin web TV, et collabore avec plusieurs collectifs comme le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et le Réseau 3i (Initiative, Impact, Investigation).
Il a déjà fait l’objet d’une condamnation récente par un tribunal béninois à une peine de prison avec sursis pour « publication de fausses nouvelles » après des révélations sur des comptes offshore et des sociétés écran visant des hommes d’affaires béninois et français.
Dans un communiqué mardi, le Réseau 3i a demandé « la libération immédiate d’Ignace Sossou », estimant que sa condamnation est « totalement contraire à la lettre et à l’esprit du respect de la liberté de la presse ».
Crise politique
Le président Patrice Talon, élu en avril 2016, est régulièrement accusé d’avoir opéré un virage autoritaire dans son pays. La quasi-totalité de ses principaux opposants vivent actuellement à l’étranger, visés par des affaires de justice au Bénin.
Le pays traverse une crise politique importante depuis les élections législatives d’avril, où l’opposition n’avait pas pu présenter de candidats. Cela avait entraîné des vagues de protestations populaires réprimées à balles réelles qui ont fait une dizaine de morts.
La semaine dernière, la radio de l’homme d’affaires et opposant béninois en exil Sébastien Ajavon a été suspendue en raison d’une décision de l’autorité béninoise de régulation des médias.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée