Dans son message sur l’état de la nation, le chef de l’État béninois a dressé le bilan de l’année 2019 sur un ton résolument optimiste.
C’est un message sur l’état de la nation à la fois exceptionnellement long – près d’une heure – et surtout résolument optimiste que le président béninois Patrice Talon a délivré, le 27 décembre, devant les députés réunis au Palais des gouverneurs de Porto-Novo.
Les sujets à polémique de l’année 2019 ont donc été traités sous l’angle de crises utiles à « la régulation de la société ». Ainsi, les violences post-électorales « heureusement vites maîtrisées » qui ont suivi les législatives d’avril dernier ont eu pour effet positif, selon Patrice Talon, de favoriser la tenue du dialogue politique d’octobre, lequel a débouché sur une révision technique de la Constitution dans le sens de « la consolidation de l’État de droit et de la démocratie ».
Même volonté de positiver quant aux conséquences de la fermeture unilatérale de la frontière par le Nigeria, en vigueur depuis plus de quatre mois. Tout en reconnaissant que cette situation, « nuisible aux activités de plusieurs de nos opérateurs économiques », constitue « une source de préoccupations », le président veut croire que « la résilience dont notre pays fait preuve face à cette crise » démontre que « les efforts de transformation structurelle de notre économie commencent à produire leurs effets ».
Enfin, l’enlèvement, début mai, de deux visiteurs Français et de leur guide béninois par un groupe jihadiste dans le parc de la Pendjari, qui avait beaucoup ému les médias, a été évacué en deux phrases par Patrice Talon, qui l’a qualifié d’ « incident regrettable » ayant entraîné un renforcement des mesures de sécurité « pour rassurer la communauté des touristes ».
Modernisation économique
L’essentiel de l’avant-dernier message sur l’état de la nation du quinquennat Talon a été consacré au bilan économique et social, secteur par secteur, d’une année portée par un taux de croissance prévisionnel de 7 % et une bonne tenue des cours du coton, dont le Bénin est devenu, en 2019, le premier producteur d’Afrique subsaharienne.
Éducation, santé, infrastructures, électricité, eau, habitat social, économie numérique… Patrice Talon n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’il dresse le rapport d’activité de Bénin inc, un peu à la manière d’un Paul Kagame, pour qui il ne cache pas une admiration certaine. Plutôt que de riposter aux critiques formulées par l’opposition sur le terrain des libertés et de ses méthodes de gouvernance jugées parfois autoritaires, le président béninois préfère mettre en avant la lutte contre la corruption et rendre hommage aux fonctionnaires des régies financières pour leurs performances dans le domaine de la mobilisation des ressources intérieures.
Comme Paul Kagame, rendant systématiquement hommage à la résilience des Rwandais, Patrice Talon décerne l’essentiel du mérite de la modernisation économique au peuple béninois. Pour ce peuple « trop longtemps abusé par les discours et les promesses stériles (…), l’heure du développement a enfin sonné », conclut-il.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée