L’opposant au gouvernement d’accord national basé à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, continue ses offensives militaires.
Les forces loyales au maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, ont annoncé, lundi 6 janvier, s’être emparées de toute la ville de Syrte, jusque-là sous le contrôle des forces du gouvernement d’union nationale (GNA), installé à Tripoli. Située à 450 km à l’est de la capitale libyenne, la ville a été prise en quelques heures.
Plus tôt, les forces pro-Haftar ont affirmé dans un communiqué avoir pris le contrôle de l’aéroport d’Al-Gordabiya, situé sur une base militaire de la ville, après la reddition de « la force armée chargée de protéger l’aéroport ». Selon les forces pro-Haftar, plusieurs combattants pro-GNA ont été faits prisonniers et leurs équipements saisis tandis que d’autres se sont enfuis.
Le GNA n’a pas réagi jusqu’ici à ce revers. Mais un commandant militaire pro-GNA, qui était dans Syrte, a confirmé, sous couvert d’anonymat, la perte de la ville et le retrait de leurs forces. Il a dénoncé la « trahison » d’un groupe armé salafiste qui a changé de camp lors de l’entrée des forces de Haftar.
La Libye, théâtre d’une lutte d’influence
Le maréchal Haftar, qui tente depuis le 4 avril de s’emparer de Tripoli, avait déjà adressé un « ultimatum » aux combattants de Misrata, qui composent l’essentiel des forces du GNA, pour se retirer de Tripoli et de Syrte. Il a annoncé aussi, vendredi, la « mobilisation générale » et le « djihad » contre une intervention militaire turque en Libye en soutien au GNA.
En décembre 2016, des forces pro-GNA avaient chassé de Syrte l’organisation Etat islamique (EI), qui avait profité du chaos pour s’y implanter en juin 2015. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, déchirée par des conflits fratricides, est devenue le théâtre d’une lutte d’influence entre deux camps : d’un côté, la Turquie et le Qatar, qui appuient le GNA de Faïez Sarraj et, de l’autre, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte, qui soutiennent les forces du maréchal Haftar.
La Russie est soupçonnée aussi d’avoir envoyé des mercenaires pour prêter main-forte aux pro-Haftar, mais Moscou a démenti ces informations. L’émissaire de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour la Libye, Ghassan Salamé, a affirmé, lundi, sa « colère » en réclamant une énième fois l’arrêt des interférences étrangères dans le conflit libyen, à l’issue d’une réunion de deux heures avec le Conseil de sécurité de l’ONU, à New York.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée