Avec une dette colossale, Tullow Oil a bouclé une année 2019 particulièrement difficile. Plombé par des difficultés sur ses actifs en Afrique et des baisses de production, le groupe qui a esquissé un plan de redressement 2020 dans son dernier bilan devrait revoir sa stratégie face à un baril au plus bas et aux incertitudes sur l’évolution de la pandémie.
En pleine crise financière, Tullow Oil, la compagnie pétrolière britannique basée à Londres, résente ses résultats catastrophiques de l’année écoulée. Baisse de production des champs pétroliers ghanéens Ten et Jubilee, difficultés et retards dans le développement des projets en Ouganda, au Kenya et des changements dans le top management, l’année 2019 a été une tourmente pour la société qui clôture son exercice 2019 avec des pertes record. Le bilan fait état des revenus de 1,68 milliard de dollars, un profit brut de 759 millions de dollars et des pertes après impôts de 1,69 milliard de dollars. Lesquelles sont dues à des radiations et des dépréciations d’exploration totalisant environ 2 milliards de dollars, y compris la radiation révisée de l’Ouganda. Les flux de trésorerie disponibles sont estimés à 355 millions de dollars et l’endettement net de fin d’année à 2,8 milliards de dollars.
« Cela a été une période intense pour Tullow car nous avons travaillé dur sur un examen approfondi de l’entreprise qui a conduit à des conclusions claires et des actions décisives. Nous nous concentrons sur la fourniture d’une production fiable, la réduction de notre base de coûts et la gestion de notre portefeuille pour réduire notre dette et renforcer notre bilan », a déclaré Dorothy Thompson, présidente exécutive de Tullow Oil plc dans le bilan présenté le 12 mars.
Une série de déconvenues
Tullow Oil a dû réviser ses ambitions à la baisse, avec une réduction prévue de plus d’un tiers de ses effectifs, pour faire face aux résultats en dessous des prévisions. La production des champs pétroliers TEN et Jubilee a été inférieure aux attentes en 2019.
Au Kenya, des progrès ont été réalisés dans le projet Oil Kenya en 2019, estime la société qui a néanmoins relevé des lenteurs dans les volets tels que les droits d’accès à la terre, à l’eau et dans l’élaboration de la forme commerciale des accords à conclure avec le gouvernement kényan. Ce qui éloigne les perspectives d’une décision finale d’investissement à la fin de l’année 2020. Des retards ont été de même constatés dans les projets ougandais de Tullow Oil. En août 2019, la compagnie pétrolière et gazière a fait état de l’expiration de son offre ferme à Total et CNOOC, à la suite de l’échec de la transaction sur le bloc Kingfisher. Tullow Oil devait céder 21 % de ses 33,3 % de parts dans le bloc Kingfisher à Total et CNOOC. Mais le groupe n’a pas pu s’accorder avec le gouvernement sur les taxes relatives à transaction, alors que l’accord avec les autorités de Kampala était une condition préalable à l’achèvement de la cessation.<div id= »div-gpt-ad-inread-0″><script>googletag.cmd.push(function() { googletag.display(« div-gpt-ad-inread-0 »); });</script></div>
Un ambitieux programme d’exploration
Au cours de l’année, Tullow Oil a aussi mis l’accent sur le développement d’autres projets en Afrique, à travers des activités d’exploration. En Côte d’Ivoire, l’intégration de Cairn Energy aux sept licences onshore de Tullow a été finalisée et un programme sismique 2D de 500 km a été entamé dans ce pays d’Afrique occidentale. Aux Comores, Tullow a achevé son acquisition avec une participation de 35% et un levé sismique 3D de 3 000 km2 dans le gisement offshore du delta de Rovuma. En Namibie, la major britannique a acquis une participation de 56% dans le projet offshore PEL-90 du pays auprès de Calima Energy en juin dernier. Les ambitieux projets restent néanmoins suspendus au développement du coronavirus ou covid-19 dans le monde.
Incertitudes face au COVID-19
Le 6 mars 2020, l’OPEP et ses alliés non-OPEP (OPEP +) se sont réunis pour réduire l’approvisionnement en pétrole afin d’équilibrer les marchés dans le sillage de l’épidémie de COVID-19 qui a réduit la demande de pétrole. Le groupe n’est pas parvenu à un accord et le 7 mars 2020, Saudi Aramco a réduit ses prix de vente officiels, déclenchant une guerre des prix. En conséquence, le 9 mars 2020, les prix du pétrole ont chuté d’environ 20% et la courbe révisionnelle pour 2020 et 2021 est respectivement tombée à environ 38 et 43 dollars le baril.
« Si les prix du pétrole restent à leur niveau actuel ou en dessous pendant une longue période, cela nuirait à nos futurs résultats financiers », prévient Tullow Oil également présent au Gabon, en Mauritanie et en Guinée équatoriale.
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée