Crise libyenne : Fayez Al Sarraj ne veut plus négocier avec Khalifa Haftar

(From L) Libyan National Army’s Field Marshal Khalifa Haftar, Libya’s parliament speaker based in the eastern town of Tobruk Aguila Saleh Issa, Libya’s Presidential Council of the Government of National Accord Fayez al-Sarraj, and President of the High Council of State of Libya Khaled Mechri attend an International Congress on Libya at the Elysee Palace in Paris, on May 29, 2018.Rival Libyan leaders vying for influence in the fractured and war-scarred country meet in Paris for a major peace conference seen as a risky French-backed push for a political settlement in the country. / AFP PHOTO / POOL / Etienne LAURENT

Le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) libyen Fayez Al Sarraj affirme qu’il ne va plus négocier une solution politique avec l’homme fort de l’Est libyen Khalifa Haftar, à cause des «crimes» commis par ce dernier, dans un entretien publié hier par le quotidien italien La Repubblica. «Je ne vais plus m’asseoir (à la table des négociations, ndlr) avec Haftar après les désastres et les crimes qu’il a commis à l’encontre de tous les Libyens», a déclaré M. Al Sarraj, dont le gouvernement est reconnu par l’ONU.

Depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos. Deux autorités se disputent le pouvoir : le GNA, basé à Tripoli, et un gouvernement parallèle dans l’Est contrôlé par Khalifa Haftar.

Ce dernier a lancé, en avril 2019, une offensive contre Tripoli qui a fait des centaines de morts et plus de 200 000 déplacés. Mardi, des dizaines de roquettes se sont abattues sur Tripoli, des tirs imputés aux forces du maréchal Haftar qui ont perdu Sorman et Sabratha, deux villes stratégiques dans l’ouest de la Libye. La perte de ces localités constitue un nouveau revers pour Khalifa Haftar après la perte, en 2019, de Gharyane, leur base arrière dans l’Ouest libyen. Désormais elles n’ont plus aucun accès à la côte ouest du pays.

Selon un commandant des forces pro-GNA, Oussama Al Jwili, la conquête des deux villes a été décidée après la réception d’informations sur l’intention du maréchal Haftar d’avancer plus à l’ouest pour prendre la ville de Zouara, puis le poste frontalier de Ras Jedir, avec la Tunisie. Les forces du GNA cernent désormais la base aérienne stratégique d’Al Watiya, située plus au sud et utilisée par les forces du maréchal Haftar pour faire décoller des avions et comme base arrière.

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Mardi, elles ont mené des raids aériens sur cette base où se sont retranchées les troupes de Haftar ayant fui Sorman et Sabratha, selon M. Gnounou. M. Al Sarraj poursuit dans son entretien repris par l’AFP qu’il avait «accepté un cessez-le-feu et une trêve humanitaire. Nous nous attendions à ce que les dangers liés à l’épidémie de coronavirus transforment pour une fois Haftar en un homme de parole». «Mais lui a vu dans la pandémie une opportunité pour nous attaquer.

Et vu l’échec (de cette offensive, ndlr), il vise avec des tirs sans discrimination Tripoli, les zones résidentielles, les établissements civils, même l’hôpital public dans le centre de la ville», a accusé M. Al Sarraj. «Nous avons toujours cherché à résoudre nos disputes à travers un processus politique, mais chaque accord a immédiatement été violé par Haftar», a rappelé M. Al Sarraj.

Les tentatives de médiation, notamment celles entreprises par l’ONU, ont échoué jusqu’à présent, le conflit étant exacerbé par les ingérences étrangères, notamment les Emirats arabes unis qui soutiennent le maréchal Haftar, et la Turquie qui appuie le GNA. Cette énième escalade de la violence intervient dans un contexte d’aggravation de la situation humanitaire en pleine pandémie mondiale du nouveau coronavirus. Jusqu’à présent, 25 cas de contamination, dont un décès, ont été confirmés par le Centre de lutte contre la maladie, basé à Tripoli.

L’ONU et plusieurs pays occidentaux ont appelé, en vain, à une trêve afin de se concentrer sur la lutte contre le nouveau coronavirus, alors que plus de deux millions de Libyens subissent depuis une semaine d’importantes coupures d’eau et d’électricité dans Tripoli et ses alentours, l’ONU accusant des groupes armés proches de Khalifa Haftar et dénonçant une «arme de guerre».

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Source : El Watan /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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