La France veut obtenir un soutien plus franc de l’alliance dans ses frictions avec la Turquie, qui se multiplient dangereusement depuis des mois.
La France va se retirer temporairement de l’opération de sécurité maritime de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Méditerranée, jusqu’à l’obtention de réponses à des « demandes » concernant ses frictions avec la Turquie, a fait savoir, mercredi 1er juillet, le ministère français des armées.
En attendant d’avoir obtenu satisfaction, « nous avons décidé de retirer temporairement nos moyens de l’opération “Sea Guardian” », a expliqué le ministère lors d’un point presse, dans un contexte de fortes tensions entre Paris et Ankara depuis plusieurs mois, en particulier autour du conflit libyen.
Paris a pris l’Alliance atlantique à témoin d’un récent incident naval franco-turc, accusant la Turquie d’avoir visé une de ses frégates lors d’un contrôle de navires soupçonnés de violer l’embargo sur les armes à destination de la Libye – ce que dément Ankara.
« Il ne nous paraît pas sain de maintenir des moyens dans une opération censée, parmi ses différentes tâches, contrôler l’embargo avec des alliés qui ne le respectent pas », a fait valoir le ministère, visant explicitement la Turquie, membre de l’OTAN comme la France.
Une « responsabilité historique et criminelle »
Paris exige notamment, parmi quatre demandes, « que les alliés réaffirment solennellement leur attachement et leur engagement au respect de l’embargo » sur les armes en Libye. Il réclame aussi un mécanisme de déconfliction plus précis au sein de l’Alliance atlantique.
La France critique vivement l’intervention militaire turque en Libye au côté du gouvernement d’union nationale de Tripoli, qui, fort de cet appui, a fait reculer les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays.
Le président de la République français, Emmanuel Macron, a accusé, lundi, la Turquie d’avoir une « responsabilité historique et criminelle » dans le conflit libyen, en tant que pays qui « prétend être membre de l’OTAN ».
Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a répliqué mardi en dénonçant l’approche « destructrice » de la France en Libye et en l’accusant de chercher à renforcer la présence de la Russie, qui appuie le maréchal Haftar, dans ce pays déchiré par une guerre civile depuis 2011.
Source : Le Monde Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée