L’ancienne présidente irlandaise a été nommée à la tête d’un panel d’experts chargés de faire la lumière sur les accusations de prévarication contre le patron de la BAD.
L’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson présidera le panel d’experts chargé de l’enquête indépendante sur les accusations de prévarication contre le président de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adesina, seul candidat à sa réélection, selon un communiqué diffusé mercredi 1er juillet.
« Le bureau [du conseil des gouverneurs de la BAD] a retenu Mme Mary Robinson, M. Hassan B. Jallow et M. Leonard F. McCarthy pour former un panel d’experts indépendants de haut niveau en vue de mener » l’enquête, selon le texte signé notamment par Kaba Nialé, présidente du bureau et ancienne ministre ivoirienne. Le bureau de la BAD, l’une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde, a exprimé « son entière confiance » dans le panel qui sera « présidé par Mme Robinson » et composé de « personnes ayant une expérience et une intégrité professionnelle incontestables, ainsi qu’une réputation internationale avérée ». Il devra rendre son rapport « dans une période de deux à quatre semaines maximum », selon le texte.
Présidente de l’Irlande de 1990 à 1997, Mme Robinson, avocate de profession, a ensuite été haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme de 1997 à 2002. Le juge Hassan B. Jallow a été procureur général, ministre de la justice et président de la Cour suprême en Gambie. Il a aussi été juge à la cour d’appel du Tribunal spécial pour la Sierra Leone et procureur auprès du Tribunal pénal international des Nations unies pour le Rwanda (TPIR), selon le communiqué de la BAD. Vice-président pour l’intégrité à la Banque mondiale pendant neuf ans, Leonard F. McCarthy a été directeur des poursuites pénales, directeur du Bureau des infractions économiques et chef de la Direction des opérations spéciales de l’Afrique du Sud, selon le communiqué.
Accusations de favoritisme
Akinwumi Adesina, 60 ans, élu en 2015 à la tête de la BAD, fait l’objet depuis le début de l’année d’une série d’accusations embarrassantes, divulguées dans la presse en avril.
Dans un rapport, des lanceurs d’alerte l’accusent notamment de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraude ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner. Des accusations réfutées par M. Adesina, premier Nigérian à diriger la BAD depuis sa création, en 1964, qui clame son « innocence » et qui avait rapidement été disculpé par la banque sur la foi d’un rapport de son comité d’éthique interne.
Mais les Etats-Unis, deuxième actionnaire de la BAD après le Nigeria, ont exigé fin mai le lancement d’une enquête indépendante, remettant en cause le travail du comité d’éthique et provoquant une sérieuse crise dans l’institution panafricaine. Alors que sa réélection semblait assurée il y a six mois, avec le soutien de l’Union africaine et après une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars réussie en octobre 2019 (environ 103 milliards de dollars à l’époque), la position de M. Adesina, ancien ministre nigérian de l’agriculture, apparaît désormais de plus en plus fragile.
Source:Le Monde Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée