Le Soudan a signé hier avec les Etats-Unis «les accords d’Abraham» sur la normalisation des relations avec Israël, a annoncé l’ambassade américaine à Khartoum .«Nous félicitons le gouvernement de transition (soudanais) pour la signature de la déclaration des accords d’Abraham, qui aidera davantage le Soudan sur la voie de la stabilité, la sécurité et l’opportunité économique», a déclaré l’ambassade sur Twitter, relayée par l’AFP.
«L’accord permet au Soudan, Israël et autres signataires des accords d’Abraham de construire la confiance mutuelle et augmenter la coopération dans la région.»
Le ministre soudanais de la Justice, Nasreddine Abdelbari, y voit une «étape importante (…) qui confirme notre conviction que la paix renforce les relations entre les peuples» et sert «leurs intérêts», dans un message vidéo diffusé par l’agence de presse soudanaise Suna. La signature a eu lieu durant la visite à Khartoum du secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin.
Ainsi, le Soudan devient le troisième pays arabe à signer les accords d’Abraham, menés par Washington, représentée par Jared Kushner, gendre et conseiller du président Donald Trump, après les Emirats arabes unis et Bahreïn, qui les ont signés l’an dernier. Le Maroc est le 4e pays arabe à annoncer, en décembre dernier, une normalisation de ses relations avec l’Etat hébreu.
Un peu plus tôt dans la journée, le secrétaire américain au Trésor a signé un accord donnant accès au Soudan à plus d’un milliard de dollars pour l’aider à rembourser sa dette envers la Banque mondiale, a affirmé le ministère soudanais des Finances. La ministre par intérim, Hiba Ahmed, et S. Mnuchin «ont signé un protocole d’accord à Khartoum pour fournir une facilité de financement (…) afin de couvrir les arriérés du Soudan envers la Banque mondiale». «Cette initiative va permettre au Soudan d’avoir de nouveau accès à plus d’un milliard de dollars de financements annuels de la part de la Banque mondiale pour la première fois en 27 ans», a indiqué un communiqué du ministère soudanais.
Cette signature intervient après le retrait du Soudan de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme, ce qui l’avait exposé à des sanctions de la part de la communauté internationale pendant des décennies.Advertisements
Le pays est confronté à une crise économique compliquée par la pandémie de Covid-19.
Conséquences : une inflation galopante et une dette énorme estimée à 60 milliards de dollars.
Le retrait du Soudan de la liste noire fait partie d’un accord comprenant la normalisation des relations entre le pays principalement arabe et Israël. Le 23 octobre, le président américain, Donald Trump, a coup sur coup annoncé sa décision de retirer le Soudan de la liste des Etats soutenant le terrorisme et l’accord de Khartoum pour normaliser ses relations avec Israël. En décembre, Washington a formellement retiré le Soudan de sa liste des pays soutenant le terrorisme. Après avoir régné sans partage sur le pays depuis 1989, Omar El Béchir a été chassé du pouvoir en avril 2019 à la suite de manifestations populaires contre son régime. Un gouvernement de transition, issu d’un accord entre militaires et dirigeants du mouvement de contestation, est à la tête du pays depuis août 2019.
Discorde
Washington a imposé en 1993 des sanctions à Khartoum pour ses relations avec des «organisations terroristes», notamment le réseau Al Qaîda, dont le chef Oussama Ben Laden a séjourné dans ce pays dans les années 1990. Les relations entre les deux pays ont commencé à se réchauffer sous l’ex-président démocrate Barack Obama, quand Omar El Béchir a décidé de coopérer dans la lutte antiterroriste et contribué à la paix au Soudan du Sud.
Début 2011, Washington se dit disposé à normaliser les relations avec Khartoum après le vote sur l’indépendance du Soudan du Sud. Début 2017, Barack Obama annonce la levée de certaines sanctions dans un délai de six mois, saluant la coopération de Khartoum pour «répondre aux conflits régionaux et à la menace du terrorisme». Son successeur, Donald Trump, prolonge le délai de trois mois. En octobre, les Etats-Unis renoncent à l’embargo, maintenant des sanctions sur les armes.
En décembre 2019, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, annonce que son pays nommera un ambassadeur au Soudan pour la première fois depuis 23 ans, lors d’une visite à Washington du nouveau Premier ministre, Abdallah Hamdok. Washington retire le Soudan d’une liste noire des pays «particulièrement préoccupants» en matière de liberté de religion.
En février dernier, le général Abdel Fattah Al Burhane rencontre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, en Ouganda. Le 6 avril, le Soudan trouve un accord d’indemnisation avec les familles des 17 marins victimes d’un attentat en 2000 contre le destroyer américain USS Cole au large du Yémen.