Le dialogue interlibyen a été lancé en Tunisie en novembre 2020. Mi-novembre, les participants ont trouvé un accord sur l’organisation d’élections «nationales» le 24 décembre 2021.
Quatre nouveaux dirigeants, un Premier ministre et les trois membres d’un Conseil présidentiel, issus des trois régions de la Libye, devront tenter de réunifier les institutions d’un pays miné par les divisions, avec deux autorités rivales basées dans l’Ouest et dans l’Est qui se disputent le pouvoir.
En effet, dans le cadre d’un processus lancé en novembre par les Nations unies, les 75 membres du forum de dialogue politique interlibyen ont élu, le 5 février près de Genève, Abdul Hamid Dbeibah, Premier ministre de transition.
Il aura pour tâche de préparer le scrutin national prévu le 24 décembre. Homme de l’Ouest, originaire de Misrata, fondateur du mouvement Libya Al Mostakbal (la Libye de l’avenir), il est un ancien proche du colonel El Gueddafi.
Sous le régime de ce dernier, il a dirigé la Compagnie libyenne d’investissement et de développement (Lidco). Son cousin, Ali Dbeibah, homme d’affaires, a fait objet avec lui d’enquêtes en Libye et ailleurs pour des malversations. Il est membre du forum ayant voté le nouvel Exécutif.
Proche d’Ankara, Abdul Hamid Dbeibah a qualifié la Turquie de pays «frère», «allié», un «vrai partenaire» avec lequel il compte développer des relations commerciales au plus haut niveau, dans une interview accordée le 7 février à l’agence turque Anadolu.
Le diplomate Mohammed Younes El Menfi de la Cyrénaïque (Est) devient président du Conseil présidentiel. Il est assisté de deux vice-présidents également élus : Moussa Al Koni et Abdullah Hussein Al Lafi.Advertisements
«Le Premier ministre désigné doit, dans un délai ne dépassant pas 21 jours, former son cabinet et présenter son programme de travail (…) à la Chambre des représentants pour approbation complète», a indiqué ce même jour l’émissaire par intérim de l’ONU, Stephanie Williams. Il disposera ensuite de 21 jours supplémentaires pour obtenir le vote de confiance au Parlement. En cas d’échec, la question sera tranchée par les participants au dialogue interlibyen.
Le précédent Al Sarraj
Même si cette désignation constitue un pas en faveur de la résolution de la crise qui secoue le pays, le nouveau Premier ministre doit affirmer sa légitimité sur le terrain auprès de moult acteurs politiques et milices, dont certains ont déjà pris leurs distances avec les pourparlers de Genève.
En 2015-2016, nommé au terme d’un processus onusien, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez Al Sarraj, a mis plusieurs mois avant de pouvoir rejoindre, par la mer depuis la Tunisie, faute de contrôler les airs, Tripoli.
S’il est parvenu à obtenir progressivement le ralliement de nombreuses milices, il n’a jamais pu obtenir la confiance du Parlement élu, et à faire reconnaître son autorité auprès de l’ensemble des forces politiques et militaires du pays.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi en 2011. Deux autorités s’y sont disputées le pouvoir ces dernières années : à l’Ouest, le GNA à Tripoli, reconnu par l’ONU, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar, basé à l’Est.
Après l’échec d’une offensive lancée par Haftar en avril 2019 pour conquérir Tripoli, les deux camps ont conclu un cessez-le-feu en octobre et retrouvé le chemin du dialogue, encouragés par l’ONU.
Source: El watan/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée