Le 18 mars, le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) révélait les résultats du baromètre Africaleads 2021 de l’Institut IMMAR. Pour la troisième année consécutive, l’image de la France perd du terrain en Afrique face aux Etats-Unis, à l’Allemagne, mais aussi à la Chine. Le baromètre fait également apparaître l’optimisme des leaders d’opinion africains, malgré la pandémie de Covid-19.
Pour la première fois depuis un quart de siècle, le continent africain est entré en récession, suite à l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Selon les prévisions de la Banque mondiale, la croissance de l’Afrique subsaharienne devrait chuter à -3,3 % en 2020, avec un risque de faire basculer près de 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté.
Pourtant, ces indicateurs n’entament pas la confiance des leaders d’opinion (décideurs politiques et économiques, hauts fonctionnaires, leaders associatifs et de la société civile, journalistes, influenceurs ou chefs religieux) sondés dans 12 pays africains, par l’Institut IMMAR pour établir le 3e baromètre Africaleads du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN).
En effet, 55% d’entre eux estiment que la croissance de l’Afrique se poursuivra dans les 5 prochaines années, et 71% considèrent que le continent dispose des moyens pour mieux résister que les autres régions du monde à la crise sanitaire. « La vision des leaders d’opinion en Afrique est à la fois optimiste et réaliste. Optimiste, car ils sont toujours confiants dans l’avenir, et réaliste, car ils se rendent compte qu’il y a beaucoup de travail à faire et que ça prendra du temps », explique Etienne Giros, le président délégué du CIAN.
La résilience africaine ne sera pas entière sans l’accès aux traitements contre la Covid-19 pour tous, a rappelé le 18 mars, Mo Ibrahim, invité d’honneur du Forum Afrique CIAN 2021, en partie dématérialisé. Depuis Londres, il a alerté sur les risques liés au « nationalisme vaccinal », s’étonnant que « très peu de vaccins -soient- arrivés sur le continent africain ». Il a interpelé la communauté internationale. « Certaines grandes économies ont commandé des vaccins qui couvrent 5 ou 6 fois le nombre de personnes qu’ils doivent vacciner, j’ignore pourquoi… Peut-être pour faire des réserves ». Inquiet d’une troisième vague de coronavirus, le philanthrope anglo-soudanais ajoute qu’il n’y aura pas de solution individuelle. « Si l’on n’essaie pas d’arrêter rapidement ce virus, de nouvelles souches circuleront demain. Ces variants n’ont pas besoin de passeport pour voyager […] Nous devons lutter contre la pandémie de façon mondiale », a-t-il prévenu.
Les Etats-Unis caracolent en tête du classement
L’Afrique du Sud reste le pays africain doté de la meilleure image auprès des leaders d’opinion africains, en dépit d’un impact sanitaire sévère de la Covid-19, d’une crise économique sans précédent, d’une gouvernance régulièrement mise à mal par les scandales de corruption et d’une montée de la xénophobie qui conduit à des boycotts réguliers de la nation arc-en-ciel auprès des populations africaines et en particulier nigérianes. En effet, 40% des sondés considèrent que le pays est le plus attractif du continent (+3% en un an), devant le Royaume du Maroc (23%) qui conserve sa place, mais qui perd 6%, suivi par le Rwanda et le Ghana.
Au niveau international, les Etats-Unis devancent l’ensemble des pays qui bénéficient de la meilleure image auprès des leaders d’opinion africains (43%). Ils sont suivis par l’Allemagne (37%), le Canada (34%), la Grande-Bretagne (28%) et la Chine (22%). L’Hexagone n’arrive qu’en 7e position du classement (17%). « La France continue son lent décrochage […] On a donc le sentiment que plus on intervient, et plus on donne des angles à la critique », regrette Etienne Giros. « Nous avons devant nous un défi à traiter, celui de notre lente érosion de notre image, nous autres Français, aux yeux des leaders africains (…) Nous devons reconstituer un récit de notre relation avec ce continent », conclut-il.
La Turquie, les Emirats arabes unis et le Qatar ferment ce classement. Leur présence reflète une redistribution des cartes géostratégiques, car les nouveaux acteurs venus d’Orient talonnent désormais les partenaires historiques de l’Afrique.
Enfin, concernant la popularité des marques auprès des leaders d’opinion africains, « on remarque une domination du digital et des télécommunications », a souligné Etienne Giros. En effet, parmi les 10 marques les plus plébiscitées, on retrouve Apple en 3e position, devant Samsung (4e), Microsoft (8e), Orange (9e) et MTN (10e). Tous secteurs d’activité confondus, c’est le japonais Toyota qui s’impose en tête des marques bénéficiant de la meilleure image.
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée