Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a décrété l’« état de siège » dans deux provinces de l’est du pays frappées par la violence des groupes armés et des massacres de civils, a déclaré le porte-parole du gouvernement dans la soirée du vendredi 30 avril. Une « ordonnance » doit encore détailler les modalités d’application de cet « état de siège » annoncé dans le Nord-Kivu et l’Ituri.
Jeudi, le président Tshisekedi avait prévenu qu’il préparait des « mesures radicales » face à l’insécurité dans l’est du pays. Mardi, à Paris, il avait demandé au président Emmanuel Macron l’aide de la France pour « éradiquer » dans la région de Beni (Nord-Kivu) les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé « à tendance islamiste, au discours islamiste et aux méthodes islamistes » selon lui.
Lundi, son nouveau premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, évoquait déjà « l’état d’urgence » dans les provinces orientales de la RDC, « avec notamment le remplacement de l’administration civile par l’administration militaire ».
Massacre de 1 000 civils depuis novembre 2019
Des dizaines de groupes armés de taille variable sont encore actifs dans l’est de la RDC, jusqu’à 122, d’après un groupe d’experts. Les ADF, à l’origine des rebelles musulmans ougandais, sont de loin les plus meurtriers : ils sont accusés du massacre de plus de 1 000 civils, depuis novembre 2019, sur le seul territoire de Beni.
A Beni, la police a dispersé vendredi matin un sit-inde lycéens qui ont manifesté pendant une semaine devant la mairie pour demander la présence sur place du président Tshisekedi, et le départ de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), accusée de ne rien faire face aux groupes armés.
Riches en minerais, à la frontière de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ont basculé dans la violence lors des deux guerres du Congo (1996-97, 1998-2003), sans retrouver une vraie stabilité depuis. Plus au nord, la province de l’Ituri a de nouveau basculé dans la violence fin 2017 après une accalmie d’une quinzaine d’années.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée