Le Tchad a accusé, lundi, l’armée centrafricaine d’avoir tué six de ses soldats, dont cinq « enlevés et ensuite exécutés », lors de l’attaque d’un poste frontalier sur son sol. Un « crime de guerre » qui ne restera « pas impuni », a prévenu le gouvernement.
Les tensions perdurent entre les deux pays voisins. L’armée centrafricaine est dorénavant accusée de « crime de guerre ». Six soldats tchadiens ont été tués par les troupes centrafricaines, dimanche 30 mai, dont cinq « enlevés et ensuite exécutés », a affirmé N’Djamena, lundi 31 mai, assurant que cette action ne resterait « pas impunie ».
« Les forces armées centrafricaines ont attaqué dimanche matin le poste avancé de Sourou, en territoire tchadien (…), tué un soldat tchadien, en ont blessé cinq et cinq autres ont été enlevés pour être ensuite exécutés à Mbang, du côté centrafricain » de la frontière, affirme le ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, dans un communiqué.
Les soldats centrafricains poursuivaient au-delà de leur frontière des combattants de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darassa, l’un des plus puissants des nombreux groupes armés qui contrôlent une partie du pays et membre d’une coalition de rebelles qui tentent depuis décembre de renverser le régime du président Faustin Archange Touadéra, a assuré à l’AFP un haut responsable des services de sécurité tchadiens, sous couvert de l’anonymat.
La Centrafrique propose « une enquête conjointe »
La Centrafrique a, de son côté, réagi lundi, évoquant « des échanges de tirs » et des « morts des deux côtés ».
Dans un communiqué, le gouvernement centrafricain explique ainsi « déplorer les pertes en vies humaines et les blessés au sein des armées tchadienne et centrafricaine » et accuse les rebelles centrafricains que ses soldats « poursuivaient » d’en être responsables. Il « réaffirme » par ailleurs sa volonté de raffermir les relations « entre les deux peuples frères » et propose au Tchad « une mission d’enquête conjointe » sur ces heurts.
Le poste de Sourou, près de Mberé, dans le sud du Tchad, était tenu par 12 militaires et l’attaque s’est produite à l’aube, explique M. Mahamat Zene. Ce « crime de guerre d’une gravité extrême et cette attaque meurtrière préméditée, planifiée et opérée à l’intérieur du Tchad, dont seul le gouvernement centrafricain connaît les raisons, ne sauraient rester impunis », écrit le ministre.
« Le Tchad prend à témoin la communauté internationale, notamment la Minusca (la mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique, qui y dispose de 12 000 Casques bleus), l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) de cette grave agression dont il est la cible », ajoute le communiqué.
Coup d’État manqué
En Centrafrique, la rébellion lancée par six des plus importants groupes armés qui se partageaient alors les deux tiers du pays, a échoué à renverser le président Touadéra, réélu fin décembre. Elle a été décimée ou repoussée hors des agglomérations notamment grâce à l’intervention massive de centaines de paramilitaires russes du groupe de sécurité privée Wagner dépêchés par Moscou.
Côté tchadien, une junte de 15 généraux avec à sa tête le fils du président Idriss Déby Itno, tué au front alors qu’il dirigeait une offensive de son armée contre des rebelles tchadiens venus de Libye. Le Tchad, et son armée considérée comme la plus puissante de la région, est vu comme le pays-clé dans cette partie du continent africain dans la guerre contre les jihadistes au Sahel.
La junte qui a succédé à Idriss Déby, qui dirigeait le Tchad d’une main de fer depuis 30 ans, avait immédiatement dissous le gouvernement et le Parlement, abrogé la Constitution, tout en promettant des élections « libres et démocratiques » au terme d’une période de 18 mois renouvelable une fois.
La communauté internationale, la France en tête dont l’armée est au premier rang de la guerre contre les jihadistes au Sahel, s’est largement abstenue de condamner ce que l’opposition a dénoncé comme un « coup d’État » mené par le fils du défunt Maréchal, le général Mahamat Idriss Déby. Ce dernier s’est autoproclamé « président de la République » à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT). Sous la pression internationale, il a toutefois nommé un gouvernement civil mais le CMT conserve l’essentiel du pouvoir exécutif.
Source: France 24 Afrique /Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée