Les présidents congolais Denis Sassou Nguesso et chinois Xi Jinping ont convenu lundi 21 juin, lors d’un entretien téléphonique, de restructurer la colossale dette congolaise envers Pékin, qui empêche ce pays d’Afrique centrale de reprendre des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), a-t-on appris de sources officielles à Brazzaville.
« La question de la dette a été évoquée par les deux présidents et le président Sassou Nguesso a posé le problème à son pair (…) en lui faisant une proposition d’une deuxième restructuration », a déclaré à la presse Rigobert Roger Andely, ministre congolais des finances. « Le président Xi Jinping a approuvé [la demande] », a-t-il ajouté.
« Cette restructuration, c’est pour permettre au pays d’avoir un peu plus de ressources pour faire face à ses propres besoins internes et de lever cet obstacle aux bonnes relations avec le FMI », a expliqué M. Andely. Les experts chinois et congolais sont chargés « de pouvoir en fixer les modalités et les conditions », a-t-il expliqué.
A Pékin, l’agence Chine nouvelle a également évoqué le coup de téléphone entre les deux dirigeants, mais sans faire mention d’une restructuration de la dette congolaise. Xi Jinping a assuré que la Chine encouragerait ses entreprises à investir davantage au Congo, notamment dans les domaines de la santé et de l’agriculture, a précisé l’agence de presse chinoise.
110 % du PIB
En 2019, la Chine avait déjà restructuré la dette du Congo, ce qui avait permis au pays de conclure un programme axé sur la facilité élargie de crédit avec le FMI. Mais, depuis lors, la dette congolaise évaluée à 110 % du produit intérieur brut (PIB) par le FMI est jugée « insoutenable », la norme communautaire en Afrique centrale étant de 70 % du PIB, a expliqué lundi à l’Assemblée nationale le premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso.
Le FMI a suspendu son appui. Le pays est doublement frappé par la crise économique et sanitaire due à la baisse des prix du pétrole et la propagation du Covid-19.
Le Congo doit à la Chine 1 300 milliards de francs CFA (2 milliards d’euros), selon le gouvernement, alors que la dette globale du pays « s’élève actuellement en réalité à 6 016,5 milliards de francs CFA (plus de 10 milliards d’euros) au 31 décembre 2020, soit 98 % du PIB » a estimé le premier ministre Makosso.
Source : Le Monde Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée