Mardi (21.09.2021) au moins 400 personnes, principalement des militants de l’opposition qui appartiennent aux ethnies Herrero et Nama, s’étaient rassemblées à Windhoek pour dénoncer l’accord passé entre leur gouvernement et l’ancienne puissance coloniale.
Un accord qui était en discussion au Parlement avant son adoption par la Namibie.
Après des années de pourparlers, les Allemands et les Namibiens se sont entendus en mai 2021 sur une déclaration politique qui, outre un aveu de culpabilité allemand, comprend également l’engagement de Berlin de financer des projets de développement à hauteur d’environ 1,1 milliard d’euros au cours des 30 prochaines années.
La Covid-19 a retardé l’accord
C’est un premier pas vers la réconciliation qui est toutefois jugé insuffisant par des militants de la cause des deux ethnies.
Après l’adoption prévue du document par le parlement namibien, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, devait se rendre à Windhoek cet été pour la signature de l’accord avec le gouvernement de l’Etat d’Afrique australe.
Une visite du président fédéral Frank-Walter Steinmeier était aussi prévue. Celui-ci voulait s’excuser pour les crimes commis par les troupes allemandes pendant la période coloniale.
Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. La cause : la Covid-19. Au cours des derniers mois, la Namibie a connu une troisième vague pandémique avec près de 2.500 personnes infectées chaque jour.
Le président Hage Gottfried Geingob, 80 ans, a également été infecté, tandis que le chef de la délégation des négociateurs namibiens, Zed Ngavirue, 88 ans, a succombé au virus.
Malgré le retard, l’Assemblée nationale de Namibie devrait approuver l’accord même si les discussions au Parlement ont été suspendues hier mardi avant leur reprise ce mercredi.
Réparation insuffisante
Au parlement, l’Organisation populaire du Sud-Ouest africain (Swapo), qui est soutenue par la majorité Ovambo, détient une majorité des deux tiers. En revanche, les Herero et Nama appartiennent pour la plupart aux partis d’opposition. Ils rejettent ainsi fermement l’accord.
Pour ceux-ci, au lieu de l’aide au développement élargie à tout le pays, ils exigent des indemnisations beaucoup plus importantes qui devraient en premier lieu aller aux descendants des véritables victimes.
« Dites non au faux accord sur le génocide », « le sang de nos ancêtres n’a pas été versé en vain » ou encore « une réparation adéquate maintenant », pouvait-on lire sur certaines des pancartes brandies hier mardi (21.09.2021) par les manifestants devant le Parlement.
De son côté, le ministre de la Défense, Frans Kapofi, devant les députés, a qualifié l’accord de « réussite” car pour lui, “l’Allemagne a accepté sa responsabilité dans le génocide”.
Il a précisé que le gouvernement avait exprimé des inquiétudes quant au montant promis, que Berlin ne veut pas qualifier de réparation mais plutôt de « geste de reconnaissance » des souffrances infligées.
« En fonction des négociations entre les parties, une amélioration des termes des réparations, notamment sur le montant, n’est pas exclue », a déclaré le ministre.
Ces atrocités des colons et de l’armée allemande ont empoisonné les relations entre la Namibie et l’Allemagne pendant des décennies.
Source:Deutsche Welle Afrique/ Mis en ligne:Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée