Le ministère algérien des affaires étrangères a convoqué, mercredi 29 septembre, l’ambassadeur de France en Algérie pour protester contre la décision de Paris de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens, selon un communiqué officiel.
L’ambassadeur François Gouyette s’est vu notifier « une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France », a précisé le ministère dans un communiqué.
« Tapage médiatique »
Paris avait annoncé, mardi, la réduction du nombre de visas accordés aux ressortissants du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie en raison du « refus » de ces pays du Maghreb de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des personnes refoulées de France.Lire l’analyse : Immigration : la France durcit « drastiquement » l’octroi de visas aux Algériens, Marocains et Tunisiens
« Cette décision, qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne, comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique générateur de confusion et d’ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d’application », a estimé le ministère algérien. Il a, en outre, déploré un « acte malencontreux qui frappe de précarité et d’incertitude un domaine sensible de coopération » entre les deux pays. Le Maroc avait aussi déploré mardi la décision de la France, la qualifiant d’« injustifiée ».
La Tunisie, de son côté, n’a pas réagi officiellement, mais nombre de ses citoyens affichaient leur inquiétude, mercredi, devant les bureaux de TLS Contact, la société privée seule habilitée à recevoir les prédemandes de visas pour la France. Des dizaines de personnes entrent et sortent en flux continu du grand immeuble des berges du lac à Tunis.
Mahassen Jmel-Keskes, la cinquantaine, est désemparée. Elle vient de déposer sa demande de visa pour aller assister en France à un congrès d’esthétique. « Mes deux sociétés risquent d’avoir des problèmes car les échanges internationaux permettent la création et l’innovation, ce mélange est magnifique », souligne celle qui gère deux salons de beauté.
« Une discrimination »
Mourad Gamar se dit « inquiet » parce qu’il rend visite chaque année à sa famille en France et, pour la première fois, le quinquagénaire « a peur de ne pas obtenir » son visa.
Même inquiétude chez Walid Ben Mnasser, 46 ans, en possession d’un visa mais qui accompagne sa femme au dépôt de son dossier, en vue de retrouvailles avec leur fille, étudiante en médecine dans l’Hexagone. « L’Afrique du Nord ne mérite pas un tel traitement de la France. Certes, il y a un problème avec les immigrés clandestins, mais il y a des gens réglo ici qui ont contribué au développement de la France », dit-il, déplorant « une discrimination ».
Choukri Boubaker, directeur d’une agence de voyage, en veut aux autorités tunisiennes. « Depuis novembre [2020], nos dirigeants sont endormis. La France les a prévenus, ils n’ont rien fait du tout, c’est notre gouvernement qui doit bouger et régler ce problème des clandestins pour que les autres puissent voyager normalement », lance-t-il. Il redoute une chute de son activité, estimant que toutes les agences qui vendent des billets pour l’Europe vont être touchées. « Pas de visas, pas de billets vendus », souligne sa responsable de billetterie.
Source : Le Monde Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée