Le procès en appel du journaliste marocain Soulaimane Raissouni, condamné en première instance à cinq ans de prison pour « agression sexuelle », s’est ouvert mercredi 13 octobre à Casablanca, son comité de soutien et l’organisation Reporters sans frontières appelant à sa libération.
Début juillet, Soulaimane Raissouni, 49 ans, connu pour ses éditoriaux critiques envers les autorités marocaines, a été condamné à cinq ans de prison pour « agression sexuelle » après une plainte d’un militant LGBT+. Des faits qu’il conteste, assurant qu’il est poursuivi « à cause de ses opinions ».
Le procès s’est ouvert, mais la cour a décidé de l’ajourner au 27 octobre « pour donner aux avocats le temps de préparer la défense », a indiqué à l’AFP son avocat, Lahsen Dadsi. La défense a également déposé une nouvelle demande de libération provisoire du journaliste incarcéré depuis mai 2020, a ajouté Me Dadsi.
Son comité de soutien au Maroc, composé de plusieurs défenseurs de droits humains, a dénoncé un procès « à caractère politique et revanchard » et réitéré son appel à « le libérer », tout comme des personnalités et partis politiques marocains.
122 jours de grève de la faim
Dans un communiqué publié mardi, l’association Reporters sans frontières (RSF) espère que ce procès pourra « compenser les nombreuses irrégularités de procédure qui ont été jusqu’à présent constatées » et sera « juste et équitable ». « La place de Soulaimane Raissouni n’est pas en prison », a ajouté le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati.
Le journaliste avait observé une grève de la faim pendant 122 jours pour protester contre sa détention, ce qui l’a empêché d’assister à la plupart des audiences de son procès en première instance. Après de nombreux appels de ses soutiens au Maroc et à l’étranger, il avait mis fin à cette grève début août et « est en train de recouvrer sa santé », a déclaré son avocat. Les autorités marocaines, elles, affirment que M. Raissouni a bénéficié d’un procès « équitable » et que les poursuites « n’ont rien à voir avec son travail journalistique ».
Deux autres journalistes marocains, Omar Radi et Taoufik Bouachrine, ont été condamnés à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu’ils nient. M. Radi est également accusé d’« espionnage ». Le Maroc occupe la 136e place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse de RSF.
Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée