Le PDG du mastodonte algérien Toufik Hakkar a également fait part de ses ambitions chez le voisin libyen.
Le groupe pétro-gazier public algérien Sonatrach va investir 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026 dans l’exploration, la production et le raffinage de pétrole, ainsi que dans la prospection et l’extraction de gaz, a indiqué, le 3 janvier, son PDG, Toufik Hakkar.
Sur la chaîne de la télévision nationale algérienne AL24 News, il a précisé que 8 milliards de dollars seront investis durant l’année 2022, et que le « tiers de ces investissements » impliquera des partenaires étrangers.
« La plus grosse part sera consacrée à l’exploration et à la production pour préserver nos capacités de production, ainsi qu’à des projets dans le raffinage pour répondre à la demande nationale en carburant », a-t-il précisé.
UNE DÉLÉGATION DE SONATRACH SE RENDRA EN LIBYE D’ICI LA FIN FÉVRIER
Le patron du groupe a également annoncé des démarches de Sonatrach « en vue de son retour en Libye », où elle avait suspendu la plupart de ses activités depuis 2014. Une délégation du groupe se rendra sur place d’ici la fin février afin de préparer avec la NOC, la compagnie nationale libyenne, les « conditions de retour en vue de sécuriser les travailleurs et les équipements ».
Toufik Hakkar a souligné que le groupe algérien avait « engagé d’importants investissements en matière de prospection de pétrole et de gaz » en Libye et qu’il n’allait pas « laisser ces découvertes sans développement ».
Depuis 2005, Sipex, filiale de Sonatrach, opère dans la région de Ghadamès, à environ 230 kilomètres au sud de Tripoli, même si l’exploitation du site a été des plus erratiques en raison du contexte sécuritaire et politique libyen. En mai 2021, Toufik Hakkar a reçu le patron de la NOC, le Libyen Mustafa Sanalla, pour évoquer le retour de Sonatrach en Libye.
Sonatrach prévoit aussi sur quatre ans, entre autres, la construction d’une raffinerie à Hassi Messaoud (le plus grand gisement de pétrole en Algérie) et une extension de la raffinerie de Skikda destinée à convertir certains dérivés en carburants, a ajouté Toufik Hakkar.
Espagne-Portugal
Sonatrach compte par ailleurs mettre en service en ce mois de janvier le quatrième turbocompresseur du gazoduc Medgaz, qui transporte le gaz algérien vers l’Espagne et le Portugal, selon Toufik Hakkar.
Ce turbocompresseur permettra d’assurer les approvisionnements du marché espagnol conformément aux quantités contractuelles, estimées à 10,5 milliards de m3, et de répondre aux éventuelles demandes de quantités supplémentaires, a-t-il précisé.
L’Algérie a renoncé, depuis novembre 2021, à l’exploitation du Gazoduc Maghreb Europe (GME) traversant le Maroc pour l’approvisionnement de l’Espagne et du Portugal.
LE REBOND RÉCENT DU BRUT A PERMIS DE RÉSORBER LE DÉFICIT COMMERCIAL ALGÉRIEN
Les recettes du groupe ont augmenté de 70 % en 2021 grâce à une hausse de 19 % de ses exportations en hydrocarbures, a par ailleurs indiqué le PDG algérien, précisant que Sonatrach a exporté pour 34,5 milliards de dollars en 2021, contre 20 milliards de dollars en 2020.
Il a expliqué que le prix moyen du baril de pétrole était de l’ordre de 70 dollars, mais que « la stratégie de Sonatrach se fonde sur un prix de 50 dollars pour éviter toute fluctuation du marché ».
Quatrième puissance économique du continent africain, l’Algérie est particulièrement exposée aux variations des prix des hydrocarbures du fait de sa dépendance à la rente pétro-gazière, qui représente plus de 90 % des recettes extérieures.
Déficit commercial résorbé
Le rebond récent du brut a permis de résorber le déficit commercial algérien passé « de 10,504 milliards de dollars fin septembre 2020 à 1,571 milliard de dollars en septembre 2021 », avait indiqué fin décembre la Banque d’Algérie.
En 2011, Sonatrach avait annoncé un plan d’investissement de 60 milliards de dollars pour la période 2011-2015 afin de renforcer ses capacités de production. Avec l’effondrement des cours du brut à partir de 2014, le groupe avait toutefois dû réduire ses investissements, encore révisés à la baisse après l’éclatement de la pandémie de Covid-19 en 2020 et une nouvelle chute des cours de l’or noir.
Source: Jeune Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée