Les autorités égyptiennes ont libéré le militant politique égyptien-palestinien Ramy Shaath après plus de 900 jours de détention, a annoncé samedi matin sa famille dans un communiqué. Il est arrivé samedi après-midi à Paris d’où il a assuré vouloir « poursuivre son combat ».
L’activiste palestino-égyptien Ramy Shaath, figure de la révolution de 2011 et emprisonné en Égypte depuis juillet 2019, a été libéré et expulsé vers la France, a annoncé sa famille samedi 8 janvier, dans un communiqué. Il est arrivé à l’aéroport de Paris dans l’après-midi.
« Deux ans et demi plus tard, je suis toujours déterminé à poursuivre mon combat », a-t-il affirmé, depuis le tarmac de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. « Je poursuis mon chemin en combattant pour faire libérer mes amis et mes camarades des prisons égyptiennes. »
« Je continue aussi à me battre pour les droits humains en Égypte et pour une Palestine libre », a-t-il poursuivi. « Cela va continuer et ils ne nous arrêteront pas. »
« Je salue la décision des autorités égyptiennes de remettre Ramy Shaath en liberté. Je partage le soulagement de son épouse Céline Le Brun, qu’il retrouve en France, avec qui nous n’avons rien lâché. Merci à tous ceux qui ont joué un rôle positif dans cette heureuse issue », a de son côté réagi le président Emmanuel Macron.
« Renoncer à sa citoyenneté égyptienne »
Selon ses proches, Ramy Shaath a été contraint de renoncer à sa nationalité égyptienne : « Si nous sommes heureux que les autorités égyptiennes aient entendu notre appel à la liberté, nous regrettons qu’elles aient contraint Ramy à renoncer à sa citoyenneté égyptienne comme condition préalable à sa libération alors que cette libération aurait dû être inconditionnelle après deux ans et demi de détention injuste dans des conditions inhumaines », expliquent-ils, dans un communiqué.
« Personne ne devrait avoir à choisir entre sa liberté et sa citoyenneté », ajoute sa famille. « Ramy est né égyptien, a grandi comme un Égyptien et l’Égypte a toujours été et sera toujours sa patrie ; aucune renonciation forcée à la citoyenneté prise sous la contrainte ne changera jamais cela ».
L’homme de 48 ans, une figure de la révolution égyptienne de 2011 et coordinateur en Égypte du mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), prônant le boycott d’Israël dans la lutte contre l’occupation des Territoires palestiniens, était détenu depuis juillet 2019 au motif d’avoir voulu fomenter des « troubles contre l’État ».
Une affaire politique
L’épouse française de Ramy Shaath, Céline Lebrun-Shaath, qui a été expulsée d’Égypte après l’arrestation de son mari, avait demandé au gouvernement français de faire pression sur l’Égypte pour obtenir sa libération.
En décembre, cinq organisations de défense des droits humains avaient interpellé le président français, Emmanuel Macron, sur le sort de ce militant, fils du dirigeant politique palestinien, Nabil Shaath. Un an plus tôt, au cours d’une visite à Paris du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, le 7 décembre 2020, Emmanuel Macron avait affirmé s’être entretenu avec lui de « cas individuels », dont celui de Ramy Shaath.
Un autre militant égyptien des droits humains, le chercheur Patrick Zaki, a été libéré en décembre après 22 mois de détention, mais encourt toujours jusqu’à cinq ans de prison pour « fausses informations » à cause d’un article dénonçant les discriminations contre les chrétiens.
L’Égypte compte plus de 60 000 détenus d’opinion, selon des ONG. Les États-Unis estiment que le pays viole les droits humains dans tous les domaines et ont en conséquence gelé 10 % de leur aide.
Source : France 24/ Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée