Le roi des Belges Philippe, qui avait exprimé en 2020 des « regrets » historiques pour le passé colonial de son pays, effectuera sa première visite officielle en République démocratique du Congo (RDC) du 6 au 10 mars, a annoncé, mercredi 16 février, le palais royal.
Philippe sera accompagné de son épouse, la reine Mathilde, du premier ministre belge Alexander De Croo, de la cheffe de la diplomatie Sophie Wilmès et de la ministre de la coopération au développement Meryame Kitir, a précisé le palais de Laeken dans un communiqué, le programme détaillé restant à arrêter.
Il s’agira aussi de la première visite royale belge en RDC depuis le voyage d’Albert II, père de Philippe, en 2010, pour le cinquantenaire de l’indépendance de l’ancienne colonie
En juin 2020, le roi Philippe, qui règne depuis 2013, avait présenté pour la première fois dans l’histoire du pays « ses plus profonds regrets pour les blessures » infligées lors de la période coloniale belge au Congo, l’actuelle RDC. Dans une lettre adressée au président congolais, Félix Tshisekedi, il exprimait « ses plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore présentes dans nos sociétés ».
En 1908, l’Etat indépendant du Congo, propriété personnelle du roi Léopold II depuis 1885, fut cédé à l’Etat belge, qui l’administra ensuite comme une colonie jusqu’en 1960. « A l’époque de l’Etat indépendant du Congo, des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective » et « la période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations », écrivait-il.
Mains coupées et « relique »
Léopold II, qui gérait depuis Bruxelles les richesses du Congo à son profit exclusif, avait recouru au travail forcé pour l’exploitation du caoutchouc. De nombreuses exactions comme le fait de trancher les mains des travailleurs jugés insuffisamment productifs ont été documentées. Kinshasa avait salué les paroles du roi Philippe comme « une avancée » à même de « booster les relations amicales » entre les deux pays.
Cette visite royale intervient alors que le gouvernement belge a présenté en juillet 2021 sa feuille de route pour restituer à la RDC des milliers d’objets culturels acquis abusivement, particulièrement lors des violences commises sous le règne de Léopold II, un processus qui pourrait durer plusieurs années.
Par ailleurs, la Belgique s’apprête à restituer à Kinshasa une dent de Patrice Lumumba, héros congolais de la lutte anticoloniale et éphémère premier premier ministre du jeune Congo indépendant, dont le corps, dissout dans l’acide, n’a jamais été retrouvé. Une cérémonie de restitution de cette « relique », prévue en juin 2021 à Bruxelles, a été reportée en raison de la pandémie.
Source: Le Monde Afrique-Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée