La révolution en matière de numérisation audiovisuelle amorcée en Afrique n’a pas épargné la Côte d’Ivoire. Le projet de migration de l’analogie vers le numérique, lancé en 2012, est désormais une réalité au pays de Houphouët-Boigny avec un taux de couverture avoisinant désormais les 100% depuis le lancement officiel de ce projet en février 2019. Et pour y arriver, il a fallu aux autorités ivoiriennes, débourser 30 milliards FCFA (53,5 millions USD). Immersion au sein d’un projet à l’allure de challenge international !
Un début difficile !
17 juin 2006 ! Les pays de l’Afrique signèrent, à Genève, l’acte de décès de l’analogie au travers d’un engagement pris auprès de l’Union internationale des télécommunications. Un cocktail tonique de chaines gratuites, de chaines payantes et de service innovant était annoncé pour l’horizon 2015. Au terme de cette échéance, la Côte d’Ivoire ne figurait pas parmi les 5 pays qui ont pu relever le pari. Il a fallu donc un report de l’échéance sur 2020 pour que le pays rattrape son retard. Tout le mérite revient aux premières autorités gouvernementales ivoiriennes parmi lesquelles se trouvent l’actuel ministre de la communication, des médias et de la francophonie M. Amadou Coulibaly. Nommé le 6 avril dernier pour parachever le chantier de la Télévision numérique terrestre (TNT), M. Amadou Coulibaly, était sur tous les fronts. De la rencontre des acteurs concernés par le processus de migration, au pilotage du projet de la Télévision Numérique Terrestre (TNT), en passant par le suivi de la construction du Centre National d’Exploitation (CNE), le ministre a été le digne représentant du gouvernement qui s’est résolument engagé, depuis 2012, dans la mise en œuvre effective du processus de passage de la télévision analogique, à la télévision numérique. Avec cette implication, l’ère de la numérisation en Côte d’ivoire est désormais une réalité. Un model au sein de l’espace UEMOA.
Remarquable !
A la suite de l’engagement de Genève, le défi pour les pays africains était de convaincre les populations afin qu’elles abandonnent l’éternelle antenne qu’elles ont connue depuis les premiers pas de l’audiovisuel local pour se procurer un décodeur. Une démarche apparemment facile pour les autorités ivoiriennes aux yeux des multiples avantages qu’on peut tirer des chaines numérisées. La garantie d’une meilleure qualité d’image, la possibilité de recevoir une offre de plus d’une trentaine de chaines publiques et privées nationales, pour les foyers équipés et la valorisation des espaces publicitaires dont les revenus soutiendront la production de contenus locaux, mieux adaptés aux attentes des populations…autant d’arguments qui ont fait évoluer positivement les choses depuis février 2019, date à laquelle la Télévision Numérique Terrestre est effective en Côte d’Ivoire. Depuis 3 ans déjà les téléspectateurs profitent d’une profusion de programmes inédits. Désormais, les spectateurs ont le choix entre six canaux qui se livrent une rude concurrence. En plus des trois qu’offre le service public, RTI 1, RTI 2 et RTI 3, quatre autres télévisions privées ont fait leur apparition sur les écrans : Life TV, A+ Ivoire et la Nouvelle Chaîne ivoirienne (NCI) et 7 Infos. Quant au taux de couverture, de 80% au lancement de la TNT, elle frôle désormais les 100% selon les dernières données recueillies auprès du ministère de la communication. La réussite de cette transition, en Côte d’Ivoire, s’explique par un accompagnement réel et sans faille du gouvernement qui a décidé d’exonérer de taxes douanières les kits d’équipement. La migration de l’analogie vers le numérique a été et demeure à ce jour pour les autorités ivoiriennes, une question de souveraineté et un challenge international dans lequel il faut s’illustrer de la plus belle des manières. Le pari est donc sur le point d’être gagné.
Emmanuel AMEGEE