Interditiction stricte d’uriner, de déféquer ou de cracher dans la rue mais aussi de déposer des ordures sur la voie publique. Le Bénin est de plus en plus déterminé à sanctionner les sales habitudes et cela à travers une loi sur l’hygiène publique, adoptée à l’Assemblée nationale puis promulguée par le président Patrice Talon.
Place du souvenir, à quelques encablures de l’aéroport, en plein cœur de Cotonou, nous avons surpris un conducteur de taxi-moto communément appelé »Zémidjan » en train d’uriner au bord de la voie. Echange surprise avec le conducteur de taxi-moto.
Conducteur : « Mais pourquoi vous me suivez ? »
Moi : « Je vous ai surpris tout à l’heure en train d’uriner »
Conducteur : « Je dois uriner parce que quand l’envie me prend, je ne dois demander la permission à qui que ce soit »
Moi : « Mais ici c’est une place publique ! »
Conducteur : » Non ! On a dit place publique mais il n’y a pas quelque part où on a mis toilette publique pour que je puisse aller me mettre à l’aise là-bas ! Mais à vrai dire, est-ce que vous, vous êtes de la police sanitaire ou bien un agent de la police pour me suivre comme cela ? «
Question environnementale
À l’instar de nombreux citoyens, ce conducteur de taxi-moto ignore encore les nouvelles dispositions en vigueur dans le pays et qui régissent désormais le secteur de l’hygiène publique. Et des actes d’incivisme de ce genre, les activistes environnementaux, comme Pierre Dossa, y font fréquemment face.
« Les populations, plus précisément les usagers de la route, abandonnent de manière sauvage et dispersée de nombreux déchets, notamment des sachets d’eau et de biscuit, des cannettes, des mégots de cigarettes, des plastiques et il y a des riverains qui transforment les trottoirs, la chaussée et les collecteurs d’eau en des dépotoirs sauvages« , dénonce l’activiste.Désolé, la vidéo n’a pas pu se charger.(Code d’erreur: 101104)Écouter l’audio02:19
Une loi saluée
La nouvelle loi interdit donc d’uriner ou de déféquer aux abords des voies et sur les places publiques. Elle va également sanctionner l’abandon sur les voies et places publiques de tout objet, que ce soient les boîtes de conserve, les objets en matière plastique, les poissons ou les détritus, ou encore les épaves de toutes sortes.
Son article 12 notifie par ailleurs qu’il est interdit de se laver, de laver les ustensiles, le linge, les engins, les véhicules et autres sur les voies et places publiques.
« L’objectif de la loi est de préserver et de promouvoir la santé des populations en légiférant en matière d’hygiène sur les voies publiques, dans les habitations, les bâtiments publics, dans les installations industrielles et commerciales mais aussi en matière de gestion de l’eau et des denrées alimentaires, et puis largement en matière du milieu naturel autrement dit de l’environnement« , explique Luc Gnacadja, ancien ministre de l’Environnement.
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Tout geste allant à l’encontre de cette mesure, est passible de sanctions graves, mais la principale préoccupation réside dans l’applicabilité de la loi.
« L’exigence qu’il y a ici, c’est celui non seulement de continuer à informer, de former ceux qui sont chargés d’appliquer la loi, de leur donner les moyens de les appliquer effectivement et que les sanctions, qui ne sont pas simples. Il y a des sanctions qui montent jusqu’à 5 millions de fCFA et jusqu’à trois années d’emprisonnement puisse être appliquées effectivement, que ces fautes soient sanctionnées avec la dernière rigueur« , dit Luc Gnacadja.
Cette nouvelle mesure largement saluée par les Béninois vient renforcer certaines dispositions de la loi cadre sur l’environnement.
Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée