Depuis plus de trois semaines, six Burkinabè, un Tanzanien et un Zambien sont coincés à 550 mètres de profondeur. L’opération de sauvetage, très complexe, est suivie par tout le pays.
Mise en place d’une cellule de crise, mobilisation sur les réseaux sociaux, aide de l’Union européenne… Les Burkinabè retiennent leur souffle alors que ce mardi 10 mai, cela fait 24 jours que l’on est sans nouvelles des travailleurs de la mine de Perkoa coincés à 550 mètres de profondeur à cause de pluies diluviennes. Ils sont huit à être retenus dans les profondeurs, six burkinabè, un zambien et un tanzanien.
Une course contre la montre a été lancée, l’enjeu étant de pouvoir pomper le maximum d’eau en un minimum de temps. « Nous sommes face à une situation imprévisible, la mine souterraine est inondée. Nous n’avions pas de dispositif de pompage pour pallier ce genre de situation », explique Moussa Palenfo, directeur de la société Nantou Mining, filiale de la compagnie canadienne Trevali Mining Corporation au Burkina Faso, qui exploite la mine.
NOUS AVONS DÛ COMMANDER DU MATÉRIEL DE POMPAGE APRÈS AVOIR RÉTABLI LA DESCENDERIE
Le 8 mai, lors d’une réunion de crise, les responsables du site d’extraction de zinc situé dans l’ouest du pays ont annoncé que deux millions de litres d’eau avaient déjà été vidés grâce aux opérations de pompage. Cela a permis de dégager les galeries pour créer une chambre de refuge qui pourrait servir d’abri aux mineurs en détresse.
Chambre de refuge
« Nous avons dû commander du matériel de pompage après avoir rétabli la descenderie qui permet d’accéder à la mine souterraine », explique Moussa Palenfo. Ce matériel commandé d’urgence au Ghana et en Afrique du Sud a atterri à Ouagadougou et devrait être acheminé sur le site. Ces sept pompes électriques viendront s’ajouter aux 17 pompes diesel déjà opérationnelles.
L’espoir de trouver des survivants réside dans le fait que le personnel a été formé aux mesures d’urgence. « Nous espérons qu’il ont pu accéder à la chambre de refuge lorsque nous avons donné l’alerte d’évacuer sans passer par la descenderie. Vu leur position, il leur était tout à fait possible d’y pénétrer. Ce dont nous ne sommes pas sûrs en revanche, c’est l’état dans lequel était cette chambre et si elle était elle-même inondée. Mais nous ne pouvons pas baisser les bras et nous mettons les bouchées doubles pour atteindre la chambre de refuge », détaille Moussa Palenfo.
Opération difficile
Le gouvernement de transition s’est lui-même mobilisé dans cette opération de sauvetage délicate. « L’activité de pompage se poursuit. Nous espérons avoir de bonnes nouvelles du côté de Perkoa dans les jours ou les heures qui viennent », a déclaré le porte-parole de l’exécutif burkinabè, Lionel Bilgo.
La toile burkinabè s’est saisie de l’affaire, visiblement émue par la tournure des événements : des messages de soutiens, d’autres qui expriment leur incompréhension, n’hésitant pas à critiquer la gestion de la crise. « Huit vies sont en jeu et chacun s’imagine à leur place. Nous multiplions les efforts malgré les difficultés pour les sauver. Nous comprenons la charge émotionnelle pour les familles, les communautés et la nation », plaide Palenfo.
Détenue à 90 % par Trevali Mining Corporation et à 10 % par l’État, la mine de Perkoa est la seule mine de zinc du pays. Elle dispose d’une capacité de broyage de 2 000 tonnes par jour. L’an passé, elle a produit 316, 2 millions de livres de zinc à un coût de maintien de 1,05 dollar la livre, ce qui a accru les revenus de la société minière de 61 % à 342, 7 millions de dollars.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée