Hicham el-Achmawy, ancien gradé des forces spéciales égyptiennes devenu une figure du jihadisme, a été transféré, mardi, de l’est de la Libye vers l’Égypte par les forces du maréchal Khalifa Haftar
L’homme le plus recherché par les autorités égyptiennes, le chef jihadiste Hicham el-Achmawy, arrêté en Libye en octobre dernier, a été remis au Caire, mardi 28 mai, par le maréchal Khalifa Haftar.
Ancien officier des forces spéciales égyptiennes devenu jihadiste proche d’Al-Qaïda, Hicham el-Achmawy avait été capturé au cours d’une opération militaire dans la ville de Derna, dans l’est de la Libye, par les forces du maréchal Haftar.
Il a été remis à l’Égypte mardi soir, lors d’une rencontre entre Khalifa Haftar et le chef des renseignements égyptiens, Abbas Kamel, à Bengahzi, selon un communiqué publié par les services du maréchal libyen.
« C’est un personnage important aux yeux des autorités égyptiennes de par son profil d’ancien officier militaire, sachant qu’il était commandant des forces spéciales égyptiennes. Il était surtout l’un des plus haut gradés, et l’un des premiers à avoir rejoint les rangs jihadistes au Sinaï, dans l’est de l’Égypte », explique Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes.
Soutien du maréchal Khalifa Haftar, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait réclamé l’extradition d’Hicham el-Achmawy quelques jours après son arrestation. « Nous le voulons pour l’emprisonner », avait-il dit.
Un acteur important sur l’échiquier jihadiste régional
Condamné par contumace à la peine de mort par la justice égyptienne, il a été transféré vers l’Égypte à bord d’un avion militaire un peu moins de 8 mois après sa capture.
« Lorsqu’il s’agit d’un jihadiste de cette importance, il est courant pour les services de renseignements, locaux ou étrangers, de questionner et de ‘cuisiner’ le détenu dans une zone de non-droit comme en Libye, avant qu’il ne soit remis dans le circuit judiciaire en Égypte, où théoriquement on entre dans le domaine de la procédure judiciaire et donc du public, précise Wassim Nasr. Cela vaut pour lui et pour beaucoup de figures du jihadisme. Je pense qu’il a été remis aux autorités égyptiennes parce qu’il n’était plus ‘utile’ de le garder plus longtemps ».
Hicham el-Achmawy a quitté les rangs de l’armée égyptienne en 2012, puis a rejoint le groupe jihadiste Ansar Beit al-Maqdes. Groupuscule que les autorités égyptiennes accusent d’avoir tenté d’assassiner un ancien ministre de l’Intérieur en 2013.
L’homme, devenu l’un des jihadistes égyptiens les plus recherchés, aurait rejoint la Libye, avant qu’Ansar Beit al-Maqdes, basé dans le Sinaï, ne fasse allégeance en novembre 2014 à l’organisation État islamique (OEI).
En juillet 2015, Hicham el-Achmawy est nommé émir d’un nouveau mouvement appelé Al-Mourabitoun, qui fait l’apologie d’Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda.
Ce chef islamiste, se faisant appeler Abou Omar al-Mouhadjir al-Masri, et qui a refusé de s’allier avec l’OEI, a également fondé une faction proche d’Al-Qaïda appelée Ansar al-Islam. Le mouvement a revendiqué une embuscade meurtrière dans le désert contre des policiers égyptiens en octobre 2017.
« Son parcours est marqué par son refus de rejoindre les rangs de l’OEI, quand Ansar Beit al-Maqdes a fait allégeance à ce groupe en 2014. Il a pris un autre chemin qui l’a mené jusqu’en Libye », souligne Wassim Nasr.
Et d’ajouter : « Basé à Derna, comme de nombreux jihadistes proches d’Al-Qaïda à l’époque, il s’était même battu contre l’OEI. Sa tête avait d’ailleurs été mise à prix par l’organisation en Libye. Opposant très virulent au califat autoproclamé par l’OEI, pourchassé par les services libyens et égyptiens, il jouait un rôle important sur l’échiquier jihadiste régional ».
Source: France 24 avec AFP