Le mandat du président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, arrive à son terme mardi. Alors qu’aucune élection présidentielle n’a encore été prévue, son mandat a été prolongé jusqu’à ce qu’une date soit fixée.
En pleine crise politique, l’Algérie plongera-t-elle également dans une crise constitutionnelle ? Le mandat du président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, arrive à son terme mardi 9 juillet, alors qu’aucune élection présidentielle n’est encore prévue. Si le Conseil constitutionnel a déjà prolongé ses fonctions jusqu’à la passation de pouvoirs, beaucoup critiquent ce flou constitutionnel.
Quelques centaines d’étudiants et enseignants algériens ont manifesté, mardi, réclamant un « changement de régime » et la libération des « détenus politiques ». « Système dégage », « Algérie, libre et démocratique » a scandé le cortège en progressant sans incident dans les rues du centre d’Alger au milieu d’un fort déploiement policier.
Selon la Constitution, le président du Conseil de la nation devient, en cas de vacation du pouvoir, chef de l’État par intérim pour une durée maximale de 90 jours. Ainsi, « Abdelkader Bensalah ne peut plus se prévaloir, constitutionnellement du moins, de la qualité de chef de l’État », avance le journal algérien Liberté, car il avait été nommé le 9 avril après la démission d’Abdelaziz Bouteflika.
Mais sans scrutin prévu – celui du 4 juillet avait été annulé faute de candidats – il est impossible pour Abdelkader Bensalah de quitter le pouvoir mardi.Play Video
« Le deuxième coup de force »
Le Conseil constitutionnel a donc décidé de prolonger Abdelkader Bensalah dans ses fonctions. Une décision décriée par certains juristes, qui n’ont pas hésité à la qualifier de « coup de force ».
« C’est le deuxième coup de force après celui du 11 mars quand Bouteflika avait annulé l’élection, et c’est le Conseil constitutionnel qui en est l’instrument en validant des décisions anticonstitutionnelles au profit de la position de l’armée », s’est exprimé Me Abdellah Heboul, le 6 juin, dans une déclaration à El Watan.
Selon Liberté, « l’édifice institutionnel, qui, depuis la chute de Bouteflika, a assuré tant bien que mal la continuité de l’État, risque de se retrouver dans l’illégalité totale » à partir de mardi.
« On peut s’attendre à ce que l’opposition dénonce l’illégalité la plus totale” des fonctions d’Abdelkader Bensalah, confirme Moncef Ait Kaci, correspondant de France 24 à Alger. « La question reste désormais de savoir comment la rue va répondre aux prochaines annonces du gouvernement », ajoute-t-il.
Pour rassurer la rue, le président par intérim avait par ailleurs lancé, mercredi 3 juillet, un nouvel appel à « un dialogue national inclusif » en vue de l’élection présidentielle. Il avait alors affirmé que l’armée n’en serait pas « partie prenante ».
« Le pouvoir n’a pas énormément de cartes à jouer »
Face à cette crise politique, l’opposition est « en train de se structurer progressivement », selon Armelle Charrier, chroniqueuse internationale de France 24, dans un pays qui « a vécu dans le silence » pendant des décennies.
« On voit aujourd’hui que le pouvoir n’a pas énormément de cartes à jouer », juge-t-elle. « Au départ, on a vu que le pouvoir voulait rester dans la constitutionnalité, mais depuis, il y a eu une répression plus forte des manifestations. »
En effet, la police algérienne a annoncé dimanche l’ouverture d’une enquête sur des violences présumées qui auraient eu lieu lors d’une manifestation vendredi, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant des protestataires être matraqués par les forces de l’ordre.
Source: France24/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée