Le drame survenu jeudi (25.07.19) est qualifié par l’ONU de « pire » tragédie en mer Méditerranée cette année. La gravité des témoignages de ceux qui ont survécu exige une impérative reprise des sauvetages en mer.
C’est une énième traversée de la Méditerranée qui vire au drame. Après le naufrage du bateau à bord duquel voyageraient plusieurs centaines de migrants au large de la ville portuaire libyenne de Khoms, plus de 110 personnes sont portées disparues.
Ahmed Abdallah fait partie de la centaine d’autres qui ont eu la vie sauve grâce à la dextérité des pêcheurs :
« Nous étions 300 dans le bateau et les vagues sont venues nous surprendre. Cent personnes ont été sauvées, mais les autres sont toutes mortes. Les femmes, les enfants et les filles sont tous morts. Gloire à Dieu, nous avons commencé à nager pendant près de sept heures, puis nous avons été secourus par des pêcheurs, près de 100 personnes. Nous sommes ici (en Libye) depuis et personne n’est venu nous chercher. Il y a eu un cadavre ici avec nous depuis ces deux derniers jours. Gloire à Dieu, c’est comme si nous combattions la mort dans la mer, et maintenant nous combattons la mort sur terre. »
Ahmed Abdallah et les autres survivants ont été pris en charge par des équipes de l’organisation humanitaire Medecins sans frontière qui, face à ce que ses responsables appellent l’inaction irresponsable des gouvernements européens en Méditerranée, avait déjà annoncé la reprise prochaine de ses opérations de sauvetage en mer. « Ça montre aussi qu’aujourd’hui il y a grandement besoin de plus de capacités de recherche de secours en mer, donc les bateaux des Ong sont nécessaires. Les Etats européens qui jusqu’à maintenant ont essayé d’empêcher les Ong et les navires humanitaires doivent arrêter cette criminalisation, et doivent aussi prendre leur responsabilité et assurer les sauvetages publiques. Aujourd’hui il n’y a pas d’opérations de sauvetage assurées par l’UE et les Etats européens. D’ailleurs en ce moment il y a un navire militaire avec 140 personnes à bord qui est bloqué en raison de la fermeture des ports italiens… », explique François Dumont, porte-parole de MSF.
Des embarcations de fortune
Il s’agit de migrants que les garde-côtes italiens ont retrouvés sur deux embarcations de fortune signalées par des pêcheurs tunisiens et italiens. Mais le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, exige une nouvelle fois un accord de répartition européen avant de les laisser débarquer.
Quelques jours avant ces drames, le Directeur général de l’OIM, avait déjà évoqué l’urgence de nouvelles solutions.
« Il faut que les opinions publiques européennes aient bien conscience que nous ne vivons plus une crise d’arrivée. Les chiffres montrent une chute significative des arrivées en Europe. Par contre nous vivons une crise de mort parce que le nombre de morts, dans les attentes de traversée de la Méditerranée, est très élevé et même une seule mort serait de trop », déclarait Antonio Manuel de Carvalho Ferreira Vitorino. Celui-ci estime qu’il est aussi impérieux de créer un mécanisme d’appui aux opérations de recueil et de sauvetage des migrants.
La situation devient chaque jour préoccupante, et la présence des navires de sauvetage en Méditerranée une urgence. En attendant les migrants continuent de risquer leur vie sur l’océan.
Source: Deutsche Welle/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée