Les consultations se poursuivent dimanche au Soudan pour parvenir à la formation du gouvernement, quatre jours après la date initialement prévue pour l’annonce de ce nouveau cabinet, qui doit marquer une des principales étapes de la transition post-Béchir.
Investi le 21 août, le Premier ministre Abdallah Hamdok devait annoncer la composition de son gouvernement mercredi et ce dimanche devait être l’occasion de la première réunion avec le Conseil souverain, instance à majorité civile mais dirigée par un militaire qui doit superviser la transition.
Mais les Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance de la contestation ayant mené à la chute du président Omar el-Béchir en avril, ne lui ont communiqué la liste des « ministrables » qu’un jour avant la date prévue pour l’annonce.
Mardi dernier, le Premier ministre avait confirmé avoir reçu une liste de 49 candidats pour 14 portefeuilles.
Dimanche, selon une source proche d’Abdallah Hamdok interrogée par l’AFP, les consultations étaient « toujours en cours » pour établir la liste finale ».
Des discussions « détaillées et constructives » ont eu lieu samedi avec Abdallah Hamdok, ont pour leur part commenté les FLC. Abdallah Hamdok n’a lui fait aucun commentaire ces derniers jours sur le sujet.
« En retard »
« Les FLC étaient en retard pour soumettre la liste des noms au Premier ministre, ce qui a retardé l’annonce », a encore affirmé à l’AFP Amjef Farid, un meneur de la contestation.
Un autre leader, Ibrahim al-Amin, a expliqué que ce retard était du à des « différends » au sein du mouvement sur la liste à proposer.
Le Soudan s’est doté d’un Conseil souverain à la suite de la signature d’un accord le 17 août entre le Conseil militaire de transition, qui avait succédé à Omar el-Béchir, et les meneurs de la contestation.
Cet accord trace les grandes lignes d’une période de transition qui doit durer un peu plus de trois ans et ouvrir la voix à des élections démocratiques.
Abdallah Hamdok doit désigner jusqu’à 20 ministres, à l’exception des ministres de l’Intérieur et de la Défense, qui seront choisis par les militaires du Conseil souverain.
Après avoir nommé son gouvernement, Abdallah Hamdok, économiste chevronné et ancien collaborateur de l’ONU, aura la lourde tâche de relever l’économie du Soudan.
L’étape suivante de la transition, selon les termes de l’accord, sera la constitution d’un corps législatif, moins de 90 jours après sa signature. Cette assemblée doit comporter 300 membres dont 201 issus des FLC.
« Impact négatif »
Selon Ibrahim al-Amin, le retard de l’annonce du gouvernement aura « un impact négatif » et pourrait ralentir la transition.
Mais ce n’est pas la première fois que celle-ci est mise à l’épreuve: la nomination du Conseil souverain avait été retardée de deux jours en raison de différends au sein des FLC, avant d’être finalement annoncée le 21 août.
Le Premier ministre avait précédemment déclaré qu’il choisirait ses ministres parmi des technocrates en fonction de leurs « compétences » pour permettre au Soudan de relever ses nombreux défis, et notamment mettre fin aux conflits qui rongent les Etats du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan-Sud.
Des rebelles de ces régions marginalisées se sont battus pendant des années contre le régime Béchir, renversé après quatre mois de manifestations inédites déclenchées par le triplement du prix du pain.
Le texte signé le 17 août par les militaires et la contestation comprend la nécessité de signer des accords de paix avec ces groupes armés.
Samedi, quatre groupes rebelles au Darfour (ouest) ont annoncé qu’ils « négocieraient avec les autorités de transition » en adoptant une position commune, sans donner plus de détails.
Corruption
L’autre défi du gouvernement sera de mettre fin à la corruption et de démanteler l’État profond établi par les islamistes ayant soutenu l’arrivée au pouvoir de Omar el-Béchir en 1989.
Arrêté et transféré à la prison de Kober après sa destitution, l’ex-président a été inculpé samedi pour « possession et utilisation illégale de fonds étrangers ». Il encourt jusqu’à 10 ans de prison pour l’acquisition de ces fonds et jusqu’à trois ans de prison pour leur utilisation frauduleuse.
Ce procès ne concerne pas les lourdes accusations portées depuis une décennie contre lui par la Cour pénale internationale (CPI), notamment pour crimes contre l’humanité au Darfour.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée