En novembre 2017, au milieu des condamnations des migrants réduits en esclaves en Libye, le Rwanda avait pris contact avec l’Union africaine (UA) pour faire savoir sa volonté d’accueillir sur son sol des migrants africains en tant que réfugiés. Deux ans plus tard, le pays de Paul Kagame concrétise sa promesse en signant ce mardi 10 septembre un accord avec l’UA et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour évacuer les futurs réfugiés vers le Rwanda.
Dans un premier temps, c’est un groupe de 500 personnes, dont la nationalité n’a pas encore été précisée, mais essentiellement originaires de pays de la Corne de l’Afrique, qui va effectuer le voyage. En attendant que les autorités sur place mettent en place des solutions pour éviter un débordement, ces réfugiés sont le premier convoi d’un quota de 30.000 migrants africains que le Rwanda s’était engagé à recevoir sur son sol à la suite de la mise au jour de l’existence de marchés aux esclaves dont certains candidats à l’immigration d’origine africaine constituaient la principale «marchandise».
Installés dans des camps ou «recevoir l’autorisation derester au Rwanda».
Ce mardi 10 septembre, le Rwanda a signé avec le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) et l’Union africaine (UA) un mémorandum d’entente pour l’évacuation vers Kigali de plusieurs migrants africains bloqués en Libye. L’organisation panafricaine devrait se charger de convaincre ses partenaires et membres au financement des vols charters. Quant au HCR, il se charge des volets logistique, humanitaire et sanitaire
Que se passera-t-il quand les futurs réfugiés auront atterri au Rwanda? Installés à leur arrivée dans des camps, certains se verront donner la possibilité de regagner leur pays d’origine ou certains pays qui leur ont déjà accordé l’asile ou envisagent de le faire. Dans une déclaration largement reprise par la presse locale, Germaine Kamayirese, ministre rwandaise chargée des mesures d’urgence, a fait savoir que certains des réfugiés accueillis «pourraient recevoir l’autorisation de rester au Rwanda».
Le Rwanda, sous-traitant de l’UE sur la question des migrants?
Selon des estimations de l’ONU, quelque 42 000 réfugiés africains se trouvent actuellement dans une Libye où ils sont la proie de passeurs peu scrupuleux ou pris dans l’engrenage du conflit opposant les forces de Fayyez Al Sarraj et celles de Khalifa Haftar. Jusqu’ici, une des solutions à leur évacuation est leur exfiltration par le HCR via des centres de transit notamment au Niger. Autre solution, certains pays africains avaient entrepris l’évacuation de leurs ressortissants sur fonds propres ou financements du Fonds fiduciaire de l’Union européenne (UE).
Le Rwanda est donc le premier pays qui a pris l’initiative unilatérale de recevoir des ressortissants d’autres pays africains. «C’est un moment historique, parce que des Africains tendent la main à d’autres Africains. Je suis convaincue que cela fait partie des solutions durables», a souligné Amira Elfadil, commissaire de l’UA aux Affaires sociales, lors de la conférence conjointe. Dans la foulée, l’UA espérait convaincre d’autres pays du Continent à suivre les pas du pays de Paul Kagame. Sans succès!
Même si le pays de Paul Kagame joue la carte de la «solidarité africaine», il n’en reste pas moins critiqué comme étant un sous-traitant déguisé de l’Union européenne (UE) pour la gestion des flux migratoires en échange de financements ; certaines mauvaises langues allant jusqu’à ajouter un «blanchissement à la chaux» de l’image du Rwanda à l’international. Des questions sur lesquelles les autorités rwandaises n’ont pas encore répondu.
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée