La Cour pénale internationale (CPI) va statuer, mercredi, sur l’acquittement de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Accusé de crimes contre l’humanité commis en 2010 et 2011 au cours des violences post-électorales en Côte d’Ivoire, il est le premier chef d’État à être jugé devant ce tribunal.
Près de 10 ans après l’ouverture du dossier, la chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) va statuer, mercredi 31 mars, sur l’avenir judiciaire de l’ancien président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo. Elle pourrait confirmer son acquittement et ainsi clore l’affaire, ou au contraire ouvrir la voie à un nouveau procès, souhaité par l’accusation.
La procureure générale sortante de la Cour, Fatou Bensouda, a interjeté appel en septembre 2019, huit mois après l’acquittement, souhaitant un nouveau procès.
Accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité – meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains – Laurent Gbagbo, 75 ans, et un de ses proches, Charles Blé Goudé, surnommé « le général de la rue », ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens, ont été acquittés en janvier 2019, et libérés sous conditions un mois plus tard.
Les deux hommes ont été reconnus non coupables de crimes contre l’humanité, pour lesquels ils ont toujours clamé leur innocence, commis en 2010 et 2011 au cours des violences post-électorales en Côte d’Ivoire, nées du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire à la présidentielle de son rival, Alassane Ouattara. Ces violences ont fait 3 000 morts.
Depuis, Laurent Gbagbo vit en Belgique. La CPI a refusé une demande de liberté sans condition, mais a autorisé l’ex-président à quitter le territoire si le pays où il souhaite se rendre accepte de le recevoir.
Si l’acquittement est confirmé, les conditions imposées à la libération des deux hommes seraient alors immédiatement levées, et ils pourraient alors rentrer en Côte d’Ivoire, un retour qui serait un vrai événement politique.
Acquittement surprise en 2019
En possession, selon son avocate, de deux passeports, un ordinaire et un diplomatique, l’ex-président espérait rentrer en Côte d’Ivoire en décembre dernier. Mais plusieurs fois, son retour a été remis à plus tard et jusqu’ici, les autorités ivoiriennes ne se sont pas prononcées sur le calendrier de ce retour.
L’arrêt de la CPI sera prononcé à 15 h (13 h GMT) par le président de la chambre d’appel et ancien président de la Cour, basée à La Haye, Chile Eboe-Osuji. Il n’a pas encore été confirmé si Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé seront présents dans la salle d’audience ou s’ils y assisteront par vidéoconférence, en raison des restrictions relatives au Covid-19, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la CPI.
L’arrêt de la CPI devrait être suivi de près en Côte d’Ivoire, où l’ombre de Laurent Gbagbo plane toujours sur une nation meurtrie par les violences politiques depuis plus de vingt ans – dont celles liées à la dernière présidentielle d’octobre 2020, remportée par Alassane Ouattara qui se représentait pour un troisième mandat controversé, qui ont fait près de cent morts.
Président de 2000 à 2010, Laurent Gbagbo, toujours très populaire chez ses partisans, avait été arrêté en 2011. Après son acquittement surprise – les juges ayant notamment estimé que les preuves à charge étaient insuffisantes –, le bureau de la procureure de la CPI avait estimé que les juges n’avaient pas rendu une décision motivée en bonne et due forme et avaient commis des erreurs de droit et de procédure.
Fatou Bensouda, ainsi que ses services, se trouvent sous le feu des critiques: si la CPI, fondée en 2002 pour juger les pires atrocités commises à travers le monde, a notamment condamné des chefs de guerre congolais et un jihadiste malien, l’accusation a échoué dans ses dossiers les plus emblématiques.
Source : France 24 /Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée