Les Nations unies recherchent 70 millions de dollars pour aider l’Ethiopie, la Somalie et le Kenya, envahis par des essaims ravageurs, à sauver leurs récoltes.
Les Nations unies ont tiré la sonnette d’alarme, lundi 20 janvier, sur des infestations d’une ampleur historique de criquets en Afrique de l’Est, d’Addis-Abeba à Nairobi en passant par Mogadiscio, qui « menacent la sécurité alimentaire » de toute la région.
Devant la prolifération d’essaims « particulièrement destructeurs »de criquets pèlerins en Ethiopie, au Kenya et en Somalie qui ravagent les cultures et menacent les récoltes, il est « nécessaire de lancer une campagne de grande ampleur et transfrontalière pour combattre les infestations », a indiqué l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) dans un communiqué lundi.
La FAO recherche d’urgence 70 millions de dollars (63,1 millions d’euros) afin de renforcer la lutte antiparasitaire et de « protéger les moyens d’existence dans les trois pays les plus touchés ».
« D’une ampleur et d’une capacité destructrice jamais vues, les essaims risquent de grossir de manière exponentielle et de se propager dans d’autres pays d’Afrique de l’Est si les efforts pour combattre ces ravageurs voraces ne s’intensifient pas massivement dans toute la région », a-t-elle averti, en estimant qu’il s’agit d’une situation « de portée internationale ».
L’Ethiopie et la Somalie n’avaient pas vu d’essaims de criquets pèlerins d’une telle ampleur depuis vingt-cinq ans, et le Kenya n’avait pas eu à affronter de menace acridienne d’une telle force depuis soixante-dix ans, précise la FAO.
« Multiplication par 500 »
« Les autorités de la région ont déjà lancé des activités de contrôle mais, étant donné l’ampleur et l’urgence de la menace, elles ont besoin d’un soutien financier supplémentaire de la part de la communauté internationale des donateurs afin d’accéder aux outils et aux ressources nécessaires à la mise en œuvre effective des interventions », a expliqué M. Qu Dong, directeur général de la FAO cité dans le communiqué.
Etant donné l’étendue actuelle des essaims, seul un contrôle aérien en Ethiopie et au Kenya serait efficace pour réduire le nombre de ravageurs. Et si aucune mesure n’est prise, le nombre d’insectes ravageurs « pourrait être multiplié par 500 d’ici le mois de juin ».
Ces essaims, dont chacun est potentiellement formé par des centaines de milliers de criquets pèlerins, sont capables de parcourir 150 kilomètres par jour et de ravager les moyens d’existence des populations rurales dans leur course effrénée pour se nourrir et se reproduire. Le criquet pèlerin dévore chaque jour l’équivalent de son propre poids, soit environ deux grammes, précise l’agence.
Les essaims en provenance d’Ethiopie et de Somalie continuent à se répandre sur les terres kényanes, se propageant rapidement vers le centre du pays.
En Ethiopie, les insectes se déplacent à un rythme constant vers le sud, où se trouve la vallée du Rift, considérée comme le grenier du pays.
Actuellement, le Soudan du Sud et l’Ouganda ne sont pas touchés, mais sont en danger, estime la FAO. L’Asie du Sud-Ouest et la mer Rouge sont aussi touchées.
Depuis juin 2019, en Inde, en Iran et au Pakistan, de nombreux essaims de criquets pèlerins sont présents et se sont reproduits. Certains parmi ces essaims ont migré vers l’Iran méridional où les fortes pluies qui se sont récemment abattues leur ont permis de pondre des œufs qui pourraient former des essaims au printemps 2020.
L’Egypte, l’Erythrée, l’Arabie saoudite, le Soudan et le Yémen sont eux aussi sujets à une importante activité de reproduction des populations de criquets qui pourraient par conséquent former de vastes essaims dans les prochains mois.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée