Afrique RDC : la lutte contre Ebola entravée par le manque de confiance de la population

La lutte contre l’épidémie d’Ebola, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, fait face aux résistances de la population qui reste mal informée sur la dangerosité de la maladie.

Sa Majusté Mfumu Difima est à la tête d’une importante délégation de chefs coutumiers venus de différentes provinces de la République démocratique du Congo. Le leader des chefs coutumiers de RDC de passage à Béni déplore que la méfiance actuelle des populations soit aussi la conséquence des manipulations politiques.

Ebola et les élections 

En effet, après le report des élections dans la région de Beni et Butembo, les habitants ont accusé l’ancien pouvoir d’avoir pris Ebola comme prétexte pour les priver de leur droit de vote. 

Selon-lui cette méfiance a eu une première conséquence : les tradipraticiens, les médecins traditionnels, ont dû prendre le relais auprès des malades qui ne voulaient plus se rendre dans les centres de traitement d’Ebola.

« Ramener la collaboration entre la population, les chefs et les équipes de la riposte et puis, également, faire en sorte que cette collaboration puisse conduire les habitants à venir se déclarer quand ils sont malades, afin que cette maladie soit très vite neutralisée, comme cela était le cas il y a à peine encore un ou deux mois où effectivement nous n’avions plus ce genre de problèmes », expliqueMfumu Difima en insistant sur le rôle des chefs coutumiers dans la lutte contre la maladie.

L’apport des chefs religieux

Déjà, le travail de ces chefs coutumiers se fait sentir dans la ville de Butembo. Ils échangent avec différentes couches sociales de la ville aujourd’hui considérée comme un centre de la résistance contre les équipes médicales. 

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Les chefs coutumiers étaient par exemple avec les jeunes de Butembo réunis au sein du conseil urbain de la jeunesse. 

Le porte-parole des chefs Mwami Viringa Mayani Ajani veut aussi utiliser des rites traditionnels pour lutter contre Ebola, même s’il reste discret : 

« La coutume a ses secrets et ses talents. Nous ne pouvons pas dévoiler au micro ce que nous nous allons faire sur le plan coutumier. Mais je vous garantie que nous sommes en train de travailler d’arrache-pied pour que la maladie soit éradiquée une fois pour toute. »

Les jeunes de Butembo semblent en tous cas déjà être plus sensibles. Ils viennent de mettre en place une commission pour suivre les recommandations formulées par les chefs coutumiers. 

« Nous savons traditionnellement que les chefs coutumiers sont les autorités qui sont plus acceptées, ils jouissent d’une certaine légitimité de la population. A l’issue des discussions il y eu des recommandations qui ont été données et que même pour accompagner ces recommandations là nous avons institué une commission de suivi de ces recommandations là », déclare Edulphose Bwakanakazi, vice-président du conseil urbain de la jeunesse de Butembo. 

Optimisme et vigilance

Certains observateurs estiment que les choses vont désormais dans le bon sens à Butembo. Une note d’espoir alors que la ville était jusque-là le symbole de la résistance à lutte contre Ebola. 

Pour améliorer encore la situation, certains expatriés sont en train d’être remplacés par des Congolais aux différents postes stratégiques de la lutte. Un élément de plus pour réduire les résistances dans la population.  

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MAX SAVI Carmel

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