Ancien combattant de la guerre d’indépendance, l’historien dirige le Centre national des archives algériennes et conseille le président Tebboune.
L’Algérie a communiqué à la France le nom du spécialiste algérien chargé de travailler, conjointement avec l’historien français Benjamin Stora, sur les questions mémorielles entre les deux pays, a annoncé, dimanche soir 19 juillet, le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
La personnalité désignée est le docteur Abdelmadjid Chikhi, directeur général du Centre national des archives algériennes, a précisé M. Tebboune, lors d’une rencontre avec des médias locaux. M. Chikhi avait été nommé le 29 avril conseiller auprès du président Tebboune chargé des archives et de la mémoire nationales. « On s’est entendu avec le président français Emmanuel Macron en matière mémorielle pour travailler normalement, a expliqué le président algérien. Pour faciliter les choses (…), ils [Paris] ont nommé un historien connu et son vis-à-vis est le docteur Abdelmadjid Chikhi qui est connu et est responsable des archives nationales et un spécialiste. Nous leur avons communiqué son nom. »
M. Chikhi est un ancien combattant de la guerre d’indépendance (1954-1962).
Les deux historiens devront mener conjointement un travail mémoriel de « vérité », directement sous la tutelle des présidents des deux pays, a affirmé récemment M. Tebboune dans un entretien au quotidien français L’Opinion : « Nous souhaitons qu’ils accomplissent leur travail dans la vérité, la sérénité et l’apaisement pour régler ces problèmes qui enveniment nos relations politiques, le climat des affaires et la bonne entente. Il faut affronter ces événements douloureux pour repartir sur des relations profitables aux deux pays, notamment au niveau économique. »
Début juillet, M. Tebboune avait déclaré à la chaîne de télévision France 24 attendre des excuses de la France pour la colonisation de l’Algérie afin « d’apaiser le climat et le rendre plus serein ».
« Restitution de toutes les archives nationales »
Cette initiative mémorielle survient au moment où se dessine un rapprochement entre les deux pays aux relations intimes et compliquées, fruit de l’Histoire, de la colonisation et des flux migratoires.
Signe fort d’un dégel dans les relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale, Paris a remis au début du mois les restes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle. Un geste considéré comme « un grand pas » par Alger.
Mais les autorités algériennes veulent aussi récupérer des archives coloniales et souhaitent remettre sur la table le dossier des « disparus » pendant la guerre d’indépendance – plus de 2 200 selon Alger – ainsi que celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien durant les années 1960, qui « ont fait et continuent à faire des victimes », selon elles.
« La génération actuelle et celles qui lui succéderont demeureront attachées à la demande de restitution de toutes les archives nationales détenues par la France et se rapportant à plusieurs périodes de notre histoire », avait confié M. Chikhi début juillet à l’agence officielle APS, estimant qu’« il n’y a pas chez la partie française de réelle volonté de clore ce dossier définitivement ».
Source: Le Monde Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée