Le frère cadet de l’ex-président déchu était jugé dans le premier procès de l’ère Bouteflika pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’État ».
Après seulement deux jours de procès, le verdict est tombé tard dans la nuit de mardi à mercredi. Le tribunal militaire de Blida a condamné à quinze ans de prison ferme Saïd Bouteflika, frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, jugé pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’État ». À ses côtés sur le banc des accusés, le général « Toufik » et son successeur à la tête du renseignement, Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskistes) Louisa Hanoune, tous jugés dans la même affaire, ont écopé de la même peine, selon l’Agence de presse algérienne. Le tribunal a également condamné à vingt ans de prison l’ancien ministre de la Défense et ex-chef d’état-major de l’armée Khaled Nezzar, son fils Lotfi, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie, tous les trois jugés par contumace dans la même affaire.
Deux jours de procès
Le procès a commencé lundi dans un huis clos total, sans la présence de la presse. Selon les informations divulguées par les avocats, le général Athmane Tartag a refusé de comparaître dès le début et n’a pas assisté non plus au deuxième jour du procès. Saïd Bouteflika, qui s’était retiré le premier jour et a refusé de répondre aux questions du juge, était présent, sans rien dire, le deuxième jour.
Le parquet de Blida a requis mardi vingt ans de prison pour Said Bouteflika, qui s’était imposé comme l’homme fort du régime, et pour les autres prévenus jugés dans ce procès. Ce procès dit historique a lieu après une vague d’arrestations massive dans l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission début avril après des mois d’un mouvement de contestation inédit.
Condamnation
Des enquêtes judiciaires avaient ensuite été ouvertes sur des faits présumés de corruption visant d’anciens hauts responsables politiques et des hommes d’affaires, accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec le régime d’Abdélaziz Bouteflika.
Le frère du président déchu et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai. Louisa Hanoune, cheffe du PT (trotskiste), a été placée en détention provisoire quatre jours plus tard. La défense avait admis que Mme Hanoune avait participé à une réunion avec Saïd Bouteflika et le général « Toufik » le 27 mars, au lendemain d’une déclaration du chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, demandant publiquement le départ d’Abdelaziz Bouteflika. Quelques jours plus tard, le général Gaïd Salah avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediene et Tartag de comploter contre l’armée.
Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée