Une présidentielle, sous certaines conditions, est la meilleure solution pour sortir l’Algérie de la crise née du mouvement de contestation en cours depuis février, a estimé mercredi Ali Benflis, ex-Premier ministre puis principal adversaire électoral du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Selon un communiqué de son parti, Talaie El Hourriyet, Ali Benflis a reçu mercredi Karim Younès, coordonnateur de « l’Instance nationale de dialogue ». Cet organisme est chargé par le pouvoir de définir les modalités de la présidentielle que souhaitent organiser « dans les meilleurs délais » les autorités, afin d’élire le successeur d’Abdelaziz Bouteflika, contraint le 2 avril à la démission.
Le hirak s’oppose à ce que le pouvoir, qu’il considère encore aux mains des anciens fidèles du président déchu, organise un tel scrutin, et réclame au préalable le démantèlement de l’appareil hérité des vingt ans de présidence Bouteflika, accusé d’avoir orchestré la fraude électorale.
À Karim Younès, « Ali Benflis a exprimé sa conviction que l’élection présidentielle est la voie la plus réaliste, la moins longue, la moins risquée et la moins coûteuse pour le pays, à la condition que soient réunies les conditions politiques, institutionnelles et légales et un environnement favorable » pour un scrutin libre et équitable, énonce le communiqué.
Parmi ces « conditions », l’ancien chef de gouvernement a cité « l’adoption de mesures de confiance et d’apaisement, et des signaux forts de la part des autorités quant à la volonté de garantir la régularité, la transparence et l’intégrité du scrutin ». Il a également réclamé « le départ du gouvernement », nommé par Abdelaziz Bouteflika avant sa démission, la création d’une « autorité électorale indépendante ad hoc » chargée de « l’ensemble du processus électoral, depuis la révision des listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats », ainsi que la modification de la loi électorale.
Attachement au « dialogue national »
Premier ministre de Bouteflika lors du premier mandat de ce dernier (1999-2004), et parallèlement secrétaire général de sa formation, le FLN, Ali Benflis avait rompu en 2003 et s’était présenté contre lui l’année suivante. Mais il se retrouve marginalisé, comme l’essentiel des membres de l’opposition institutionnelle, par un mouvement de contestation qui les accuse d’avoir légitimé le pouvoir de Bouteflika en participant au jeu politique malgré les fraudes.
Mercredi, Ali Benflis a également « réitéré » son « ferme attachement au dialogue national comme instrument privilégié de règlement de la crise de régime actuelle ». Il a en outre fait part de « ses réserves » sur la mise en place d’une Assemblée constituante réclamée par une partie du hirak avant tout scrutin présidentiel, craignant qu’elle « prolonge indûment » la crise.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée