L’appel lancé par l’Union générale des travailleurs algériens à manifester contre « l’ingérence étrangère » et en faveur de l’élection du 12 décembre n’a pas drainé les foules.
À une semaine de la fin d’une campagne électorale tenue à huis clos, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi 30 novembre à Alger « contre l’ingérence étrangère » et pour la tenue de la présidentielle du 12 décembre. Un rassemblement à contre-courant du mouvement de contestation qui agite l’Algériedepuis février. La manifestation était organisée à l’appel de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens, ex-syndicat unique), proche du Front de libération nationale (FLN), parti d’Abdelaziz Bouteflika, que le syndicat a soutenu durant ses vingt ans de présidence jusqu’à sa démission, en avril, sous la pression de la rue.
Ingérence
Dans un entretien accordé au journal Tout sur l’Algérie, le secrétaire général de l’UGTA s’est montré très remonté contre la dernière résolution de l’Union européenne. « Le timing est bien choisi parce qu’ils ont compris que l’Algérie s’achemine vers des élections et qu’ils n’ont plus aucune occasion d’appliquer leur agenda. Ils ont profité de cette occasion pour provoquer une ingérence du Parlement européenpour traiter la question algérienne et pour essayer de brouiller les cartes en Algérie » a-t-il dit. « Ils veulent faire la même chose que dans les pays voisins comme la Libye. C’est leur intérêt économique qui les intéresse. Et nous, nous leur dirons à travers cette marche : « Si les Algériens vous intéressent, rendez-leur leur argent. » Le meilleur soutien qu’ils puissent apporter au peuple algérien est qu’ils rendent l’argent détourné et qui est dans leurs banques. D’ailleurs, ce sont eux les protecteurs de la issaba (bande). Ils ont de tout temps été un soutien au pouvoir en place avant le 22 février », a poursuivi Salim Labatcha.
Résumé de la marche initiée par l’UGTA contre l’ingérence étrangère et pr le soutien des élections du 12 décembre et de #AGS
Une marche de 150 à 200 personnes sur l’axe grande poste place audin#Algerie #Alger #Manifestation #Dz #devoir_Dinformation13116:53 – 30 nov. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité127 personnes parlent à ce sujet
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Plusieurs manifestations « spontanées » en faveur des élections ont déjà eu lieu à travers le pays, mais il s’agit de la première organisée de manière officielle par une structure proche du pouvoir, à moins de quinze jours du scrutin. « Non à l’ingérence étrangère », pouvait-on lire sur des banderoles, répondant à une résolution votée jeudi par le Parlement européen. Ce texte appelle Alger à trouver une solution à la crise actuelle via « un processus politique pacifique et ouvert » et à dénoncer les « arrestations arbitraires » visant le mouvement de contestation.
Faible mobilisation
D’autres exprimaient un « soutien à l’armée », dont le haut commandement, incarné par le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major, exerce ouvertement le pouvoir depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika et qui est conspué chaque semaine dans les manifestations antirégime. « Il y aura des élections le 12 décembre », ont scandé, samedi, les manifestants qui ont qualifié de « zouaves », les participants au mouvement de contestation, en référence aux régiments coloniaux de l’armée française, historiquement majoritairement constitués d’Algériens.
Alors que toute manifestation est officiellement interdite à Alger depuis 2001, la police a encadré cette marche et a arrêté plusieurs badauds ayant crié des slogans hostiles aux élections ou lancé des insultes aux manifestants. Si la police tolère les grandes manifestations hebdomadaires de la contestation, très massives, elle disperse systématiquement ces dernières semaines à Alger tous les rassemblements hostiles aux élections.
Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée