La famille dos Santos a choisi les réseaux sociaux pour contre-attaquer l’initiative des autorités angolaises contre Isabel dos Santos. Si son père José Eduardo dos Santos, l’ex-président angolais, est très philosophe, sa soeur Tchizé est plutôt dans la dénonciation.
« Il veut l’honneur, mais ne rend pas l’honneur ». Ces mots très énigmatiques accompagnent une photo de l’ex-président angolais José Eduardo dos Santos sur son compte Instagram le 7 janvier dernier. La tête baissée, les lèvres serrées, il affiche un air de déception. De qui parle-t-il ?
José Eduardo dos Santos, implicite
Les poursuites en Angola contre Isabel dos Santos ont désormais pris une tournure internationale avec l’ouverture d’une enquête par la justice portugaise. Alors que la femme d’affaires continue de dénoncer la traque dont elle fait l’objet, son père, très philosophique sur les réseaux sociaux affiche son soutien à sa fille s’adressant même à son prédécesseur comme dans cette sorte de vœux à la Nation publiée le 4 janvier (et repris par Isabel sur son compte Facebook). José Eduardo dos Santos souhaite « plein succès au Président Joao Lourenço » dans l’exercice de son rôle de président de la République au cours de l’année 2020, ajoutant: « Unis, nous surmontons toujours tous les défis ». Une sortie médiatique qui a fait grand bruit en Angola au regard du timing qui coïncide avec les poursuites engagées contre sa fille et son gendre. Plusieurs y ont d’ailleurs vu un message indirect adressé au Palais de Luanda.
La veille, il publiait une photo d’Isabel dos Santos le 4 janvier, magnifiant les « compétences » des Angolais et leur nécessaire contribution au développement du pays. « On dit que la grandeur d’une nation ne se mesure pas seulement au potentiel de ses ressources naturelles, écrit-il, mais aussi à la noblesse du caractère, de l’attitude et des compétences de ses citoyens, qui sont en fait le moteur de ces ressources. Pour relever les défis du développement de notre pays dans le contexte de la mondialisation, nous avons besoin d’un personnel national hautement qualifié et d’une classe ouvrière bien éduquée capable de s’adapter rapidement à l’environnement changeant et aux besoins imposés par les nouveaux systèmes de production ».
Tchizé attaque frontalement le couple Lourenço
Jeudi dernier, c’est Weltchita »Tchizé » dos Santos, la demi-sœur d’Isabel, qui se fait plus provocatrice en dénonçant l’épouse de Joao Lourenço. Elle publie une photo de la milliardaire en compagnie de la nouvelle Première dame angolaise, Ana Joao Lourenço, toute complices, en mode supporters du parti au pouvoir lors d’élections. Tchizé rappelle que l’« actuelle Première Dame Ana Dias Lourenço a été pendant 11 ans ministre du Plan (équivalent du ministre de l’Économie du Portugal) du gouvernement de José Eduardo dos Santos et membre de l’équipe économique exécutive de dos Santos, lorsque le pétrole a été échangé à 100 USD par baril), qui est chargé de proposer au Conseil des ministres le plan d’investissement public, y compris chaque route, chaque école et chaque hôpital public qui, selon son mari, a été construit aujourd’hui avec une surcharge présumée «pour enrichir une petite élite ».
Un post supprimé
Ce dimanche matin, elle a directement attaqué le président Lourenço, toujours sur Instagram. Un post qu’elle a ensuite supprimé, mais dont La Tribune Afrique a conservé une capture d’écran.
Elle rapporte dans ce post des propos qu’aurait tenus Joao Lourenço dans le journal portugais Expresso le 21 novembre 2018 disant : « Je ne suis pas millionnaire », et présente le président arborant une montre qu’elle a assimilée à la marque de luxe suisse Patek Philippe qui coûterait 233 810 euros. Plus tard dimanche, Tchizé publie plutôt des montres Rollex qui coûteraient entre 24 000 et 41 000 euros. « Un dirigeant ne peut pas aller emprunter de l’argent pour un pays en crise, où le salaire minimum de 200 euros est aujourd’hui inférieur à 60 euros en raison de la décision de son propre exécutif de dévaluer la monnaie sans augmenter les salaires et prendre une meilleure montre », a-t-elle commenté.
En réalité, Tchizé dos Santos ne défend pas uniquement sa sœur. Elle est également visée par la démarche des autorités angolaises qui ont suspendu son siège de député au Parlement fin octobre dernier pour absentéisme et « enrichissement illégal ». Depuis lors, elle a quitté le pays.
Isabel dos Santos, dans une interview accordée à La Libre la semaine dernière, a lancé une pique on ne peut plus claire au locataire du Palais de Luanda. « Je constate que, pour s‘assurer de ma perte, João Lourenço est en train d’utiliser la même technique de pressions et de menaces sur le Portugal que celle qu’il avait utilisée à l’époque pour tirer des griffes de la justice portugaise Manuel Vicente [ex-patron de la Sonangol et ex-Vice-président dont tout le monde sait ce qu’il représente dans l’histoire de la corruption en Angola ».
L’issue de l’enquête portugaise, décisive pour l’avenir d’Isabel dos Santos
L’étau se resserre de plus en plus autour d’Isabel dos Santos. Alors qu’après le gel de ses avoirs angolais, la justice portugaise enquête désormais sur l’origine des fonds investis au Portugal, les analystes pensent que ses chances de victoire dans ce bras de fer contre le Pouvoir angolais sont minimes. Ils sont nombreux à affirmer qu’elle perdra.
Mais la femme d’affaires affiche encore de l’assurance : « J’ai commencé à investir au Portugal en 2006 aux côtés de mon ami et associé le regretté Américo Amorim, du fait de mon statut d’Angolaise, pays qui a pour le moins une réputation difficile, et en tant que personne politiquement exposée, tous mes investissements ont fait l’objet du degré le plus élevé de vérification sur l’origine des fonds et sur leur situation fiscale. […] Je ne pense pas que les autorités et les régulateurs portugais, notamment la Banque du Portugal se laisseront empêtrer dans une affaire aussi évidemment politisée ». A suivre !
Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée