Les forces de sécurité soudanaises ont fait usage de gaz lacrymogène mardi contre des dizaines de milliers de personnes qui manifestaient dans le centre de Khartoum contre le régime militaire à la suite du coup d’État du 25 octobre.
Les forces de sécurité soudanaises ont tiré, mardi 30 novembre, à Khartoum, des grenades lacrymogènes sur des milliers de manifestants réclamant à nouveau un transfert aux seuls civils du pouvoir dominé actuellement par les militaires.
Des policiers armés de « fouets », selon des témoins, ont en outre pourchassé des manifestants aux abords du palais présidentiel, l’ancien QG du dictateur Omar el-Béchir renversé par l’armée sous la pression d’une révolte populaire en 2019 et depuis devenu siège des autorités de transition chapeautées par le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du putsch du 25 octobre.
Ce jour-là, le Soudan est entré dans l’inconnu et la répression des manifestations anti-coup d’État a fait 43 morts et des centaines de blessés selon un syndicat de médecins prodémocratie.
Près d’un mois après le putsch, un accord a été signé le 21 novembre au plus haut niveau : le Premier ministre civil Abdallah Hamdok, lui-même détenu puis placé en résidence surveillée, a retrouvé son poste, et la mainmise de l’armée et de son chef, le général Burhane, a été consacrée, au moins jusqu’aux élections promises en juillet 2023.
Depuis le 22 novembre, aucun manifestant n’a été tué. Un protestataire a succombé mardi à des « coups de bâtons sur le crâne par les forces de sécurité » reçus auparavant, selon le syndicat des médecins.
« Je manifeste pour réclamer la chute du pouvoir militaire »
De nombreuses organisations de la société civile, des ministres évincés par le putsch et des manifestants ne cessent de dénoncer l’accord du 21 novembre, vu par la communauté internationale comme un premier pas vers le retour à la démocratie.
Des milliers de manifestants ont de nouveau scandé, mardi à Khartoum, « Pas de partenariat, Pas de négociation » ou « Que les militaires rentrent dans leurs casernes ».
« Je manifeste pour réclamer la chute du pouvoir militaire », a déclaré à l’AFP Mohamed Alaeddine, un manifestant.
Pour l’Association des professionnels soudanais (APS), l’un des fers de lance de la révolte de 2019, la nouvelle manifestation est « une réponse claire au geste insensé des putschistes ».
L’APS accuse l’armée et Abdallah Hamdok, désormais conspué comme un « traître » par la rue, de « reproduire l’ancien régime et sa corruption », alors que le Soudan est sorti il y a deux ans de trente ans de dictature militaro-islamiste du général Béchir, aujourd’hui en prison.
Depuis le putsch, assurent les observateurs, des purges menées au pas de course ont permis à l’armée de réinstaller des figures du régime Béchir.
Abdallah Hamdok a dit vouloir réexaminer toutes ces nominations mais de récents changements dans l’appareil sécuritaire semblent montrer que l’armée garde la haute main sur les nominations.
Source: France 24/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée