Au Tigré, une équipe de MSF témoin d’exécutions de civils par des soldats éthiopiens

Un camion rempli de militaires éthiopiens passe dans une rue d’Alamata, dans la région du Tigré, le 8 décembre 2020. EDUARDO SOTERAS / AFP

Une équipe de Médecins sans frontières (MSF) circulant dans la région éthiopienne du Tigré, théâtre d’un conflit armé, a vu des soldats exécuter des civils et s’en prendre violemment à leur chauffeur et le menacer de mort, a annoncé l’ONG, mercredi 24 mars.

Selon un communiqué de MSF, trois de ses membres circulaient mardi dans un véhicule clairement identifié aux couleurs de l’ONG sur la route reliant la capitale du Tigré, Mekele, à la localité d’Adigrat. « Durant le trajet, ils sont tombés sur ce qui semblait être le résultat d’une embuscade tendue à un convoi militaire éthiopien par un groupe armé, au cours de laquelle des soldats ont été tués et blessés », explique dans ce texte Karline Kleijer, cheffe des programmes d’urgence de MSF.

Les soldats éthiopiens sur place ont arrêté le véhicule de MSF et deux minibus de transport public qui le suivaient, ajoute-t-elle : « Les soldats ont contraint les passagers à descendre des minibus. Les hommes ont été séparés des femmes, lesquelles ont été autorisées à partir. Peu après, les hommes ont été abattus. » L’équipe de MSF a été autorisée à quitter les lieux mais leur véhicule a été peu après de nouveau arrêté par des soldats éthiopiens. « Ils ont extrait de force le chauffeur de MSF du véhicule, l’ont frappé à coups de crosse et ont menacé de le tuer. Finalement, le chauffeur a été autorisé à remonter dans le véhicule et l’équipe a pu revenir à Mekele », selon Mme Kleijer.

Présence de soldats érythréens

Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a lancé le 4 novembre 2020 une offensive militaire au Tigré pour renverser les dirigeants du parti au pouvoir dans la région, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui défiaient son pouvoir depuis plusieurs mois et dont il a accusé les forces d’avoir attaqué des bases locales de l’armée fédérale. Lauréat du prix Nobel de la paix 2019, M. Abiy a proclamé la fin du conflit après la prise de Mekele par l’armée fédérale fin novembre, mais les dirigeants en fuite du TPLF ont promis de poursuivre les hostilités et des combats persistent.

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M. Abiy a admis mardi que des atrocités avaient été commises au Tigré. « Il y a eu des dégâts dans la région du Tigré […] Des informations indiquent qu’il y a eu des viols et des pillages de propriétés. » Des témoignages d’habitants font état de violences sexuelles à grande échelle et de meurtres de civils de la part des forces combattant le TPLF. M. Abiy a également admis la présence au Tigré de soldats de l’Erythrée voisine, après des mois de démentis tant par Asmara que par Addis-Abeba. La Commission éthiopienne des droits humains (EHRC) a affirmé mercredi dans un rapport accablant que plus de 100 civils avaient été tués fin novembre à Aksoum, au Tigré, par des soldats érythréens.

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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