Moi je suis rentée au bloc à 8h moins », nous dit Chimène Ahigban. Elle fait partie de la dizaine de patients béninoisayant bénéficié de la chirurgie à cœur ouvert, une opération qui consiste à ouvrir la cavité thoracique du malade pour accéder au cœur et le réparer.
Cette forme d’intervention n’avait encore jamais été réalisée au Bénin avant la première mission médicale française conduite par Mathieu Debauchez, chirurgien cardio-vasculaire.
« C’est un premier essai qui devrait être suivi d’autres missions pour réaliser le transfert de technologies qui doit conduire à terme à ce qui les patients béninois soient opérés au maximum sur le territoire béninois par des équipes béninoises. »
Participation des medecins locaux
Les médecins béninois ont assisté le Dr Debauchez dans son intervention sur Chimène et les autres malades. La jeune femme trentenaire qui aurait pu être opérée depuis longtemps a été abandonnée par son conjoint, ce dernier ne disposant pas de la trentaine de millions de Francs CFA que devait coûter l’intervention à l’étranger, sans compter les frais liés à l’évacuation. Comme la plupart des patients opérés, Chimène Ahigban présentait une anomalie cardiaque de la valve Fortis.
« C’est une valve qui est située à la sortie du cœur et qui empêche le sang de revenir en arrière quand le cœur éjecte le sang dans les artères, il ne faut pas que le sang revienne en arrière quand le cœur se remplit. Cette valve ne marche pas, elle fuit et donc il faut qu’on lui mette une valve comme on dit « continente. »
L’intervention réalisée avec succès
Chimène est désormais saine et sauve avec, à la place de la valve cardiaque défectueuse, une prothèse artificielle qui la maintient en vie.
« La veille, comme ils m’ont dit »on va t’opérer le mercredi », ah ! je ne dors plus. J’ai commencé à penser : »comment on peut m’opérer le cœur, et si je mourais ?! Mais je priais quand même. Pour l’opération ils ont même fait ça gratuitement. Vraiment je remercie beaucoup l’Etat qui a fait cela parce que c’est une maladie qui peut nous tuer à tout moment. Mais maintenant là, il nous a sauvés. »
C’est au centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou que les opérations ont eu lieu. Dieudonné Gnonlonfoun, le directeur du Cnhu s’en félicite.
« Heureux parce que c’est en notre temps que le gouvernement a décidé de mettre tout en œuvre pour que nous puissions avoir une chirurgie cardiaque à cœur ouvert. »
Fiers eux aussi, les chirugiens béninois se disent aguerris et prêts à prendre le relais. Wilfried Gandji, chirurgien cardio-vasculaire à Cotonou.
« Nous on travaille énormément sur tout ce qui est chirurgie thoracique vasculaire cœur fermé, et maintenant cœur ouvert parce qu’il fallait beaucoup de matériels et actuellement on est en train de mettre en place toute la structure nécessaire pour pouvoir prendre en charge ces malades-là sur place. »
Et c’est pour le bonheur des Béninois, en particulier des malades prédestinés à être évacués à l’étrangers pour y être opérés.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée