Pékin reçoit des chaînes de demande du monde entier, notamment de la France, de toute l’Europe mais aussi des Etats-Unis. En Afrique, c’est Jack Ma qui est le bras humanitaire de l’Empire du Milieu. Désormais, face aux besoins cruciaux de masques qui se multiplient dans le monde, la Chine déroule, subtilement, sa diplomatie de masques et face à une pandémie qui menace l’humanité, le pays de Mao Tsetung n’aura jamais été, avec sublime courtoisie diplomatique, autant sollicité. Retour en scène d’une puissance qui tient en l’Occident.
5 avril. De l’aéroport de Carthage, décolle un avion Tunisair en direction de la Chine. Mais le Boeing ne fera pas plus d’une heure de vol en tout. Après trente minutes, l’appareil entame un retour, vers son aéroport de départ. Raison ? La compagnie nationale vient d’être informée de ce que la cargaison qu’elle allait chercher avait disparu du tarmac de l’aéroport de Shanghai. En effet, 37 tonnes de produits para médicaux devraient être ramenés en Tunisie, par cet avion, parti vide. Quelques heures plus tard, des rumeurs dans la presse locale font état de ce que la cargaison aurait été rachetée, à prix d’or, par les Etats-Unis. Une anecdote qui vient corroborer une autre, quelques jours plus tôt, d’une livraison initialement destinée à une région française avant d’être rachetée, au pieds de l’avion et au quadruple de son prix de base, par Washington. Trump démentira cette information confirmée pourtant par les autorités françaises. Comme si, gants, masques et autres produits de protection contre le Covid-19 font objet de tristes concurrence entre les puissances du monde et Pékin, remettant la Chine au cœur de la diplomatie du monde, derrière des maques dont certains ne répondraient même pas aux normes conventionnelles. Mais une chose est certaine, la diplomatie des masques donne un nouveau souffle à la diplomatie Chinoise et à l’image de Xi Jinping, qui en tire le maximum de profit.
Ali Baba au secours de l’Afrique
L’Afrique, pour une fois, est mise à l’écart de cette concurrence entre grandes nations. Et pour cause, il s’agit aussi d’un jeu de grosses sommes que le continent n’est pas prêt à débourser, pour protéger une population dont, parfois, les dictateurs au pouvoir ne se préoccupent guère. Mais heureusement, depuis le début de l’épidémie en Afrique, un mystérieux philanthrope, aux sulfureuses ramifications tropicales vole au secours de l’Afrique. L’opération part de Addis-Abéba, capitale politique de tout un continent et siège de son organisation d’intégration. L’aéroport principal de l’Ethiopie voit arriver, en cargo d’Ethiopian airlines un peu plus d’un million de tests de dépistage du Covid-19 ainsi que 5,4 millions de masques. Une livraison qui sera répartie sur tout le continent. Le milliardaire chinois a promis “100 000 masques, 20 000 kits de dépistage et 1 000 combinaisons de protection” à chacune des 54 nations africaines. Abiy Ahmed remerciera d’ailleurs, sur son compte twitter le patron de Ali Baba. Le Premier ministre éthiopien entretient avec l’homme d’affaire, des relations plutôt très amicales, à l’instar de plusieurs dirigeants du continent dont les présidents du Togo, du Ghana, de la Guinée Conakry ou encore du Sénégal et du Bénin. Bref, en Afrique, Jack Ma est en terrain conquis. Un geste humanitaire dont le milliardaire de 55 ans qui scrute des pistes d’investissement sur le continent saura en tirer profit au moment venu. En attendant, il aurait donné un coup de main à l’une des régions les plus vulnérables face à la pandémie. Sans hôpitaux, dépourvue de respirateurs et ne disposant que d’un seul lit de réanimation (au Mali), à quelques dizaines, l’Afrique peut souffler, derrière les maques de Ma en attendant, alors que le précieux couvre-nez est au cœur de voraces coups de ruse entre les puissances.
Pékin reprend la main par le Covid
Samedi 28 mars. Le ton grave, le Premier ministre français tient, avec des experts et le ministre de la santé, une conférence de presse. Dans la salle, exceptionnellement, un seul journaliste. L’agencier de l’Agence France presse représente toute la presse de l’hexagone pour éviter une contamination entre professionnels des médias. Plusieurs fois, la Chine revient dans la bouche de Philippe. Masques, appareils d’assistance respiratoire, tests, sérologie, tout vient de la Chine. Le gouvernement français a annoncé d’ailleurs un pont humanitaire entre les deux pays. Une commande de 600.000 respirateurs a été faite par la France qui n’est pas certaine de l’avoir. Car, avoir des masques relève désormais d’un parcours de combattant, avec la Chine en star. Tous les pays ont intérêt à avoir désormais de bonnes relations avec Xi Jinping. Aux Etats-unis, malgré la tension entre les deux pays, plusieurs livraisons de tests du Covid-19 sont attendues par la ville de New-York, la plus touchée du pays. Trump qui a su baisser le ton et s’entretient régulièrement au téléphone avec le dirigeant chinois a déjà obtenu plusieurs millions de livraisons. L’Italie, et l’Espagne ont aussi reçu masques, tests et même médecins chinois alors qu’à Roissy, en banlieue parisienne, deux avions humanitaires sont déjà arrivés de Pékin fin mars. La Chine, souvent indexée pour la qualité aléatoire de ses produits est devenue le centre de toutes les attentions. Et tirant tout son avantage de la situation, Pékin enchaine de la com sur les médias d’Etat et ne manque aucune occasion de faire du show diplomatique sur ses exploits dans le monde. En attendant, ses conflits commerciaux avec Washington sont délicatement mis à l’écart. Car, plus ou moins sortie de l’épidémie, la Chine est le seul pays qui peut fournir aujourd’hui, en quantité conséquente, les produits de protections. Et cela, la Maison blanche le sait mieux que quiconque d’autant que les Etats-Unis compte plus de la moitié des malades et s’attend déjà, selon les prévisions de Trump, à perdre jusqu’à « 240.000 citoyens » essentiellement des noirs selon plusieurs constats concordants.
La Chine tient le monde à l’œil, derrière ses masques
La Chine est devenue le centre du monde. Sans son aide, l’Italie aurait plus de mal à s’en sortir. Avec les 400.000 personnes diagnostiquées en Europe, près de la moitié se trouve en Italie et tout comme la Chine, le Cuba y a dépêché plusieurs dizaines de médecins et de soignants. Entretenant de bonnes relations avec Xi, Macron espère « disposer rapidement des commandes en Chine » d’autant que sa gestion de la pandémie est très critiquée par les français. L’Allemagne, la Belgique, l’Espagne ou encore la Grande Bretagne, aucun pays développé ne peut se passer des masques chinois. Bien que Madrid ait reçu une livraison dont la moitié est avariée, Pedro Sanchez a préféré faire profil bas, attendant une seconde livraison en compensation. La popularité du Premier ministre socialiste de l’Espagne fait déjà les frais de sa gestion catastrophique du Covid-19. Huawei, le géant chinois de la téléphonie a, comme un ironique pic à Trump, fait don d’une importante cargaison de masques au voisin Canadien et Pékin multiplie des dons dans le monde, pour le confort de sa diplomatie.
Une certitude, à la sortie de cette crise sanitaire mondiale, la Chine sera mieux vue. Elle a annoncé la fin du confinement sur son territoire et promis « aider le monde à s’en sortir ». Dans quelques mois, alors que la pandémie serait déjà maitrisée, la dictature communiste sera désormais regardée, de l’Occident, avec égards.
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