Alors que les combats ont repris, le camp de Fayez al-Sarraj quitte les pourparlers de Genève, dont l’objectif était d’obtenir un cessez-le-feu durable.
Un mois après la conférence internationale de Berlin censée remettre un processus de paix sur les rails, le gouvernement libyen d’union nationale (GNA), basé dans la capitale et reconnu par l’ONU, a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi la suspension de sa participation aux travaux d’une commission conjointe militaire à Genève, sous l’égide de l’ONU, à la suite de violations répétées de la trêve. « Nous annonçons la suspension de notre participation aux pourparlers militaires qui se déroulent à Genève jusqu’à ce que des positions fermes ne soient adoptées à l’encontre de l’agresseur (Khalifa Haftar) et ses violations » de la trêve, a indiqué le GNA dans un communiqué.
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De quoi doit discuter le comité 5 + 5 ?
En effet, depuis mardi, les belligérants libyens ont entamé une nouvelle série de pourparlers militaires indirects décidées lors du sommet international du 19 janvier à Berlin, en présence de l’émissaire des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé. Cette commission militaire conjointe est composée selon le format dit « 5 + 5 », avec cinq membres représentant le GNA et cinq autres le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen dont les forces tentent de s’emparer de Tripoli depuis avril dernier. Début février, les représentants du gouvernement d’union nationale (GNA) et du maréchal Khalifa Haftar avaient admis la nécessité de transformer la trêve en un cessez-le-feu permanent sans toutefois parvenir à un accord.
Vers une aggravation du conflit ?
Mardi 18 février en début d’après-midi, le port maritime de Tripoli et Al-Chaab, un port secondaire, ont été la cible de plus de 15 roquettes. Selon Amin al-Hachemi, porte-parole du ministère de la Santé, trois civils ont été tués et cinq autres blessés. « Il est clair que l’objectif des bombardements systématiques des zones résidentielles, de l’aéroport et du port, en plus du blocage total des installations pétrolières, est de provoquer des crises pour les citoyens dans tous les aspects de leur vie », a noté le communiqué. La semaine dernière, des obus lancés par l’armée d’Haftar se sont abattus sur des quartiers résidentiels de Tripoli. Le bilan serait d’un mort et plusieurs blessés, toujours selon le camp adverse. Dès le lendemain, les combats reprenaient de plus belle aux abords de la capitale. Or la Libye « possède le plus grand stock de munitions non contrôlé au monde », selon l’ONU, qui l’estime entre 150 000 et 200 000 tonnes.
Selon le GNA, ayant « échoué militairement à s’emparer du pouvoir, l’agresseur (Haftar) tente, en vain, de créer un état de confusion pour déstabiliser » la population. En outre, le GNA a condamné les « violations commises avant et pendant la trêve », les qualifiant de « crimes de guerre documentés », nécessitant « des mandats d’arrêt » internationaux. Il a dénoncé « le mépris continu » de la résolution du conseil de sécurité, adoptée la semaine dernière, et des décisions du sommet international de Berlin. « Sans un cessez-le-feu durable […] les négociations n’ont aucun sens. Il ne peut y avoir de paix sous les bombardements », a souligné le GNA.
Comment mieux contrôler l’embargo sur les armes ?
Les affrontements entre factions rivales libyennes n’ont pas cessé dans le pays depuis la chute, en 2011, du dictateur Mouammar Kadhafi, après une révolte populaire et une intervention militaire menée par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Depuis avril, des combats opposent aux portes de Tripoli (ouest) les troupes du gouvernement d’union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Sarraj, aux forces du maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen qui a lancé une offensive pour conquérir la capitale. Le maréchal Haftar est soutenu par la Russie, les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Jordanie, alors que le GNA, soutenu par l’ONU, bénéficie aussi de l’appui de la Turquie et du Qatar.
Pourtant, lundi, la mission de l’Union européenne était parvenue à un accord pour déployer des navires de guerre à l’est de la Libye afin d’empêcher les livraisons d’armes à ce pays, à la condition, exigée par plusieurs pays, de ne pas laisser cette opération navale encourager les traversées de migrants. Cette nouvelle mission, qui remplacera l’opération « Sophia » mise en place en 2015, sera lancée prochainement. « Les navires seront déployés à l’est, pour surveiller les armes, et non pas le long de la route des migrants », a précisé le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio, après la rencontre bilatérale qui incluait les ministres de la Défense des deux pays.
Source : Le Point Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée