L’agriculture, l’élevage, l’environnement, la santé ou encore l’éducation sont concernés par l’accord. Mais ce sont les lignes sur la gestion sécuritaire commune qui retiennent particulièrement l’attention. Tous deux aux prises avec le terrorisme qui frappe régulièrement leurs territoires respectifs, le Niger et le Burkina Faso ont décidé de faire front commun contre le terrorisme via un renforcement de leur coopération en matière de sécurité et de renseignement, mais aussi d’administration des zones transfrontalières.
Pour le compte du Burkina Faso, c’est Alpha Barry qui a paraphé le texte. Du côté du Niger, c’est Ankourao Kala, ministre de l’Intérieur, qui a apposé sa signature au bas du document. Ce mercredi 10 juillet, lorsque les deux mandataires de leurs gouvernements respectifs signent l’accord-cadre transfrontalier de coopération, la volonté semble claire pour les deux pays ouest-africains de contrer le terrorisme à travers deux actions complémentaires.
Une approche qui détonne
Dans un premier temps, Niger et Burkina souhaitent lancer des projets de développement à destination des populations à cheval sur leur frontière commune de 600 km de long. Il s’agit pour eux de mettre sur pied des projets concertés avec des financements recherchés auprès de partenaires communs. Les projets en commun devraient traverser des domaines comme l’agriculture, l’élevage, l’environnement, la santé ou encore l’éducation, visés par l’accord. Une approche qui détonne, en tout cas sur le papier.
«C’est un moment historique, fait remarquer Alpha Barry, chef de la diplomatie burkinabè. Nous avons l’habitude de borner des frontières, mais quasiment pas de faire un accord qui réglemente la vie des populations d’une part et d’autre. Désormais, ce sera des populations qui appartiennent à deux pays, mais qui ont une ville en commun, un développement en commun, une perspective d’avenir en commun. C’est en cela que c’est original».
«Assez souvent, c’est quand les communautés ne s’attendent pas qu’il y a des problèmes, quand les communautés sont de part et d’autre et que chacune jalouse un petit mètre carré d’un territoire, ça pose un problème, des conflits. C’est cela que nous avons voulu éviter entre le Burkina et le Niger. Nous n’en avons pas eu jusqu’à présent, mais c’est important de les prévenir en approfondissant les relations entre les communautés et en les expliquant qu’elles sont les mêmes, qu’elles peuvent concevoir leur développement de manière autonome, même par rapport aux exécutifs internationaux», complète Ankourao Kala, ministre nigérien de l’Intérieur.
Lointain souvenir d’un litige frontalier entre le Niger et le Burkina Faso
Dans un second temps, l’accord prévoit également le renforcement de la coopération sécuritaire entre les deux pays membres du G5 Sahel, cette force sous-régionale encore en construction pour contrer la menace terroriste dans la région. Ce renforcement sécuritaire devrait prendre la forme d’une amélioration de l’échange de renseignements pour prévenir la menace des jihadistes de tout poil et de toute obédience qui ont essaimé dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest.
Contre cette menace, l’accord devrait faciliter une gestion commune de la frontière par la coopération transfrontalière entre les collectivités territoriales, notamment en renforçant la gestion sécuritaire des communes et départements situés près ou à cheval de la frontière nigéro-burkinabè. Valable pour une décennie à partir de sa signature, l’accord est reconductible par une entente tacite entre les deux pays. Sa signature vient enterrer définitivement, soufflent les deux ministres, le différend territorial entre le Niger et le Burkina Faso.
Les deux pays avaient saisi la Cour internationale de justice basée à La Haye pour trancher un litige autour de l’interprétation du tracé des frontières depuis la fin de la colonisation. Ils se disputaient la délimitation dans une bande de terre de 380 kilomètres, située entre la borne de Tong-Tong (Niger) et la boucle de Botou (Burkina), autour de la rivière deSirba, qui compliquait la collecte des impôts et l’identification des citoyens vivant dans cette zone. Avec ce nouvel accord, le litige n’est plus qu’un lointain souvenir.
Source: Afrique la tribune/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée