Le procès de l’ancien patron de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) Lamine Diack, de son fils Papa Massata et de quatre autres acteurs a été renvoyé ce lundi. Leur procès pour corruption sur fond de dopage en Russie, doit reprendre à partir du 3 juin prochain.
À 86 ans, le Sénégalais, qui a régné de 1999 à 2015 sur l’IAAF, doit répondre, devant les juges de la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, des délits de corruption active et passive, abus de confiance et blanchiment en bande organisée. Il risque jusqu’à dix ans de prison et une lourde amende.
Mais l’audience a tourné court. Dès l’ouverture, les procureurs financiers ont demandé son renvoi, au motif de l’arrivée très tardive sur leur bureau d’actes d’enquête qui avaient été demandés par les juges d’instruction en 2016 et auxquels la justice sénégalaise n’avait jusque-là jamais donné suite.
Parmi ces éléments, une audition du fils de Lamine Diack, l’ancien puissant conseiller marketing de l’IAAF, Papa Massata Diack, réfugié à Dakar depuis l’arrestation de son père, novembre 2015, et qui a toujours échappé à la justice française.
Financement de campagne
PMD est un acteur clé de l’affaire et il devait être jugé en son absence à partir de lundi pour corruption et complicité, blanchiment en bande organisée et recel d’abus de confiance.
Lamine Diack a reconnu durant l’enquête avoir permis que des sanctions disciplinaires contre des athlètes russes soupçonnés de dopage soient retardées, à partir de fin 2011, en échange d’un financement de Moscou à hauteur d’1,5 million d’euros pour faire battre le sortant Abdoulaye Wade à la présidentielle sénégalaise de 2012, finalement remportée par Macky Sall.
Autres contreparties aux indulgences de l’antidopage dans l’athlétisme, la générosité d’un sponsor russe, la banque d’Etat VTB et des droits télés plus juteux lors des Mondiaux d’athlétisme de Moscou, en 2013.
Nouvelles pièces
« Ces (nouvelles) pièces » envoyées par le Sénégal, « nous les avons reçues physiquement ce matin (…) n’avons pas pu les étudier », ni les communiquer aux autres parties, a constaté l’un des procureurs financiers, Arnaud de Laguiche, en montrant aux juges une lourde pile de dossiers et en regrettant une réponse si tardive.
Mais « nous ne pouvons pas faire comme si ces pièces n’existaient pas », a-t-il ajouté. L’autre procureur financier présent à l’audience, Eric Russo, a soulevé un second problème procédural, en soulignant que les juges d’instruction avaient renvoyé au tribunal Papa Massata Diack pour un délit, le recel d’abus de confiance, qui ne figurait pas dans son mandat d’arrêt international.
En conséquence, la présidente de la 32e chambre, Marie-Rose Hunault, a annoncé le renvoi de l’affaire, en prévoyant un procès du 3 au 22 juin prochains. Devant elle, Lamine Diack, cheveux blancs et lunettes sur le nez, qui était arrivé dans la salle d’audience au bras d’un proche, est resté impassible.
« Il tient à s’expliquer », a assuré l’un de ses avocats, Simon Ndiaye. L’ancien cacique du sport mondial doit comparaître avec l’un de ses anciens conseillers, l’avocat Habib Cissé, et l’ancien responsable du service antidopage de l’IAAF, Gabriel Dollé, jugés eux pour corruption passive.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée