Depuis quelques semaines, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a reconnu le Covid-19 plus connu sous le nom de Coronavirus comme une pandémie. Presque tous les pays du monde sont aujourd’hui concernés et l’Afrique reste le continent le moins touché. En Côte d’Ivoire, après une quarantaine préventive du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, testé négatif par la suite, le ministre de la défense a annoncé quant à lui « être malade ». Hamed Bakayoko est donc isolé, une information qui fait la une de la presse en Côte d’Ivoire où se compte 323 Cas confirmés. Bien que le confinement ne soit pas encore obligatoire dans le pays, cela en a tout l’air avec l’état d’urgence décrété depuis le 23 mars, l’instauration d’un couvre-feu et surtout l’isolement du grand Abidjan intervenu depuis le 29 mars. Afrika Stratégies France donne depuis quelques jours la parole aux écrivains, intellectuels, artistes, sportifs, autorités politiques de plusieurs pays d’Afrique pour parler de leur autoconfinement ou de la situation dans leur pays. Bonaventure Kalou s’est prêté à l’exercice, de façon décontractée et ouverte comme il sait l’être. L’ancien footballeur international ivoirien passé par l’Asec Mimosas, l’Aj Auxerre, le Psg ou encore le Rc Lens est aujourd’hui maire de Vavoua, une localité située à un peu plus de 450 km dans le Centre-ouest de la Côte d’Ivoire. C’est à la fois en sportif de haut niveau à la retraite et en édile très apprécié qu’il se livre. Succinct et précis.
Vous êtes, comme la moitié de l’humanité, en confinement partiel ou total. Comment le vivez-vous au quotidien ?
Ce n’est pas facile d’être confiné. Je fais beaucoup de sport en me disant que c’est une situation provisoire.
Une situation inédite mais aussi inattendue qu’est le confinement. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je suis comme la moitié de la population. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Je comprends que le Covid-19 soit arrivé comme ça et ait pris toute l’humanité en crêpes.
En tant qu’une personnalité publique, qu’est-ce qui vous manque le plus en ce moment de confinement ?
Ce qui me manque le plus, c’est d’être au contact de mes populations. En tant que maire, un élu local, c’est de ne pouvoir pas être présent comme je le souhaite avec la population qui a besoin de moi. Il y a aussi les enfants qui ne sont pas au pays.
Quelle lecture faites-vous de la situation en Afrique ? Craignez-vous que cela ne dure trop ou êtes-vous plutôt optimiste ?
Dans cette situation, on est obligé d’être optimiste. Il ne faut pas non plus en rajouter à la psychose. La situation est assez compliquée. On essaie de penser que demain, on se réveillera et que cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Avez-vous une idée de jusqu’à quand peut durer ce confinement ou vous vous dites, ça ne devrait pas durer une éternité ?
Je suis croyant. On s’en remet à Dieu. Il fera que cette situation ne durera pas longtemps.
Quelle lecture faites-vous de la manière dont votre pays gère cette crise de la pandémie du Covid-19 ?
Au départ, il y a eu beaucoup d’approximations et d’incompréhensions aussi parce que la situation est exceptionnelle. Mais depuis quelques jours, on voit que l’Etat a repris la main et que les choses, petit à petit, s’améliorent.
A la fin de cette crise, qu’est-ce qui, selon vous, va changer dans le monde et dans nos comportements ?
Il y aura de nouveaux comportements. Je pense que les distanciations sociales vont perdurer parce que la maladie a créé beaucoup de psychose. Il y aura de nouveaux comportements pour non seulement éviter que cette pandémie ne revienne mais éviter qu’une autre ne s’installe. C’est une maladie qui va imposer au monde de nouvelles habitudes, une nouvelle façon de concevoir les rapports avec autrui.
Pensez-vous que le monde peut saisir cette occasion pour replacer l’homme au cœur de ses priorités et créer une chaîne durable de solidarité ?
Absolument ! Il faut que l’homme soit placé au cœur du débat. Tout part de l’homme et se termine par l’homme. Nous assistons tous à la chaîne de solidarité au niveau mondial pour combattre la pandémie. Cela veut dire que nous devons faire preuve d’un peu plus de solidarité, moins d’égoïsme, parce que finalement cette pandémie nous ramène à notre plus simple expression. Nous sommes de très petits êtres dans cette immensité du monde.
Avez-vous un mot à l’endroit des personnes confinées dans le monde entier ?
Beaucoup de courage à tout le monde. C’est une situation vraiment exceptionnelle. On prie Dieu que les scientifiques trouvent un remède à cette pandémie. Que la vie reprenne son cours. Le plus difficile, c’est de ne pas vivre avec ses parents, de ne pas socialiser. On espère tous que bientôt, cette pandémie ne sera qu’un mauvais souvenir.
Propos recueillis par Gaoussou Ouattara, Correspondant Afrika Stratégies France à Abidjan