Le Chef du gouvernement ivoirien était sur plusieurs fronts la semaine dernière. Comme à ses habitudes depuis que Alassane Ouattara semble lui déléguer la représentation aux rdv internationaux. En France comme au Maroc en attendant les Etats-Unis, c’est la voix audible de son pays et la vision du président de la République que porte Gon Coulibaly. Entre deux discours, quelques rencontres et activités pour accélérer les grands projets en cours en Côte d’Ivoire.
Alors que la pluie occupe toutes les journées de ce début octobre, le chef du gouvernement ivoirien s’envole pour un long périple. Du 9 au 10 octobre à Lyon (France), Gon Coulibaly a représenté le Président de la République à la 6è Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial (The Global fund to fight Aids, tuberculoses and malaria). Objectif de la Conférence ? Mobiliser les donateurs et les pays bénéficiaires, en vue de reconstituer les ressources du Fonds mondial pour le financement de la lutte contre le Vih, la tuberculose et le paludisme pour la période 2021-2023. À cette occasion, le premier ministre a fait une importante annonce au nom de son pays. La Côte d’Ivoire apporte une contribution de 1,5 millions de dollars US, pour accélérer la lutte contre le Vih, la tuberculose et le paludisme. Cette annonce, traduit selon les propos du premier ministre, l’engagement personnel du Président de la République, dans cette lutte. « Notre pays poursuivra ses efforts de mobilisation des ressources nationales à travers le maintien de la contrepartie budgétaire à hauteur 20% des subventions reçues par la Côte d’Ivoire du Fonds mondial; la mise en œuvre de la Cmu; le relèvement progressif du budget de la santé et le maintien de la taxe de solidarité sur le Sida et le tabagisme », a par ailleurs affirmé le premier ministre, très applaudi par les représentants de diverses structures internationales et Etats.
Etape Marrackech
A Marrakech, le premier ministre ivoirien, prend part à la 12è édition de la World policy conférence (Wpc) qui s’y déroule du 12 au 14 octobre. Gon Coulibaly y a conduit pour une seconde fois, après l’édition 2018 organisée à Rabat, la délégation ivoirienne pour discuter des grands enjeux de la gouvernance mondiale. Sujet de passion pour ce discret technocrate. Son principal discours en aura été la preuve. Avec la « percutance » qu’on lui connaît et surtout sa manière accessible d’expliquer les choses complexes, il indexe sans langue de bois la responsabilité des dirigeants. « C’est notre responsabilité à tous et en premier lieu, celle des dirigeants africains de relever les défis auxquels l’Afrique est confrontée ! », insiste celui qui ne cache pas son agacement face à une Afrique qui sollicite sans cesse l’Occident. Gon Coulibaly a partagé ses réflexions sur « les défis auxquels l’Afrique, qui dispose de bases solides pour devenir l’un des piliers majeurs de la croissance et de la prospérité mondiale », est confrontée. Et à l’en croire, au nombre de ces défis figurent la création massive d’emplois pour les jeunes qui représentent le présent et l’avenir du continent, mais aussi la réduction de la pauvreté. Deux thèmes auxquels il tient tant, jeunesse et lutte contre la pauvreté. Deux défis qui pour lui, « ont une incidence de plus en plus grande sur la problématique de la migration et du terrorisme sur notre continent ». Face à Alassane Ouattara, extrêmement pragmatique en bon économiste, le Premier ministre porte la touche « social » de l’exécutif et l’incarne si bien par sa posture. Amadou Gon Coulibaly que la Lettre du Continent présente en « putatif dauphin » du président ivoirien a également relevé que le protectionnisme, suscité par les guerres commerciales, pourrait entraîner des conséquences majeures pour le continent, car il risque de freiner son effort économique.
Esquisses de solutions
Le premier ministre ivoirien a fait savoir que pour faire face aux défis auxquels elle est confrontée, « l’Afrique devra accélérer les échanges commerciaux au sein des Communautés économiques régionales (Cer), ainsi que la mise en place effective de la Zone de libre échange continentale (Zlec). Cette dernière représente un marché de 1,2 milliard de consommateurs et favorisera l’émergence d’une classe moyenne d’environ 800 millions de personnes à l’horizon 2030». Par ailleurs, poursuit-il, « l’Afrique devra en outre renforcer davantage la mise en place d’Accords commerciaux avec ses partenaires privilégiés, comme vient de le faire la Côte d’Ivoire avec l’Union européenne (Ue) ». Le premier ministre a fini ses propos en exprimant sa foi dans le multilatéralisme qui privilégie le consensus dans la prise de décision, ce qui permet aux pays les plus faibles du point de vue économique, de participer à l’élaboration des règles qui régulent le commerce international.
Audiences en cascade
Avant son départ pour le périple qui l’a conduit en France et au Maroc, le premier ministre ivoirien a accordé une série d’audiences. Des rencontres au sommet et au cours desquelles des discussions fructueuses ont été menées sur des grands projets de modernisation de la Côte d’Ivoire. Gon Coulibaly a reçu en audience lundi 7 octobre, le Pdg de Bouygues. Les échanges étaient axés autour des questions liées à l’avancement des travaux du métro d’Abidjan. Des discussions qui ont abouti le 8 octobre, à la cérémonie de signature du Protocole d’Accord entre l’État de Côte d’Ivoire et le Groupement des entreprises conduit par Bouygues énergies&services qui va réaliser le métro. Le protocole entérine le projet technique définitif et son montant qui est de 1 milliard 360 millions d’Euros. La construction débutera en 2020 pour une mise en service en 2024. Ce projet permettra la construction d’un métro ultra moderne qui va considérablement améliorer le transport et faciliter les activités économiques. Le Chef du gouvernement a également reçu le Président directeur général de Tata International, Noël Tata, dans le cadre de la coopération avec son Groupe Tata Motors. Il était question entre autres, de la coopération en cours avec la Sotra et des perspectives en matière d’industrialisation de la production d’automobile en Côte d’Ivoire. Le premier ministre a enfin reçu le 8 octobre, la visite de courtoisie de la délégation de l’Unodc – United Nations office on drugs and crime en mission en Côte d’Ivoire.
Thomas AZANMASSO