L’actualité de la semaine écoulée reste dominée par la sage et courageuse décision d’Alassane Ouattara de ne pas briguer un troisième mandat à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire. Gon Coulibaly, celui qui est désigné par la presse comme le dauphin putatif du chef de l’État s’en félicite et reconnait les mérites d’un président qui a fait de la Côte d’Ivoire, un pays, « debout, fier, en paix, stable, en sécurité avec les chiffres économiques, » mais également un pays diplomatiquement rayonnant.
Président de la République de Côte d’Ivoire depuis avril 2011, à 78 ans, Alassane Ouattara entre dans l’histoire politique de l’Afrique, rompant avec l’habitude des présidents qui se maintiennent au pouvoir. Fidèle à ses engagements, il a pris la sage décision de ne pas briguer un troisième mandat à la magistrature suprême de son pays : « Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 », a déclaré celui qui éprouve l’honneur d’avoir servi son pays, lors d’un discours devant les 352 parlementaires réunis en Congrès dans l’amphithéâtre de la Fondation Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. Arrivé au pouvoir en 2011, à la suite de la crise politique qui a secoué le pays, cet économiste de profession aura réussi la relance de l’économie ivoirienne au prix d’une politique de rigueur budgétaire. Sa politique libérale et interventionniste suscitant le renforcement de la confiance des milieux d’affaires envers le pays et les programmes économiques des gouvernements successifs ont permis une reprise économique plutôt forte, avec le taux de croissance en constante évolution et avoisinant les 10%, l’un des plus élevés au monde. Les différentes réformes doublées d’une politique sociale du gouvernement ont permis la réduction du taux de pauvreté en Côte d’Ivoire à 37,2% en 2018, contre 51 % en 2011, en dépit des conséquences socio-économiques de la décennie de crise politico-militaire. Avec une inflation maîtrisée, les performances économiques de la Côte d’Ivoire sont prises en exemple par les organismes internationaux ou encore par les banques de développement. La maîtrise du taux d’endettement à 43%, le plus bas de la sous-région, la florescence de la production du café et en l’occurrence, celle du cacao qui a connu une augmentation de 150% en 2018, et une production pétrolière portée à 200 000 barils par jours, sont autant de fruits issus de la politique de diversification mise en œuvre par Alassane Ouattara au cours des 10 dernières années en Côte d’Ivoire. Une diversification économique doublée d’une restructuration de la démocratie et d’une restauration de l’État de de droits.
Le premier ministre salue la décision
La décision du chef de l’état ivoirien de ne pas de se présenter à la prochaine présidentielle en côte d’ivoire est saluée de par le monde. Au cours du premier conseil des ministres extraordinaire qui s’est tenu vendredi 6 mars après la décision historique du président de la république, le disciple et fidèle compagnon du chef de l’État s’est confondu en remerciements à son endroit « Merci Excellence, monsieur le président de la République, pour votre don pour la Côte d’Ivoire ! », s’est explosé Amadou Gon Coulibaly. Le chef du gouvernement n’a pas tari d’éloges à l’endroit de celui qui aura passé une dizaine d’années à la tête de la Côte d’Ivoire. « Si l’on avait demandé à quelqu’un, au moment où nous sortions de la crise de 2011, d’imaginer dans quel état serait notre pays aujourd’hui, personne, je dis bien personne, n’aurait pu imaginer que la Côte d’Ivoire serait dans l’état où elle se trouve en 2020 : debout, fière, en paix, stable, en sécurité avec les chiffres économiques et le rayonnement diplomatique qu’elle a ! », a déclaré le premier ministre. Il a salué la volonté du président de la République, « de tout mettre en œuvre, compte tenu de son expérience, de son vécu, de sa connaissance des hommes et du payspour que la Côte d’Ivoire continue de rester un pays stable, en paix et qu’elle poursuive sa trajectoire sur le plan économique et social ». Ce qui justifie d’ailleurs selon ses propos, les réformes constitutionnelles initiées par le président de la République. Le premier ministre s’est par ailleurs réjoui de l’assurance de sa présence à travers ses conseils avisés, pour que le pays continue sa progression et de son rôle de régulateur qu’il jouera, afin que la Côte d’Ivoire continue d’être en paix.
Gon Coulibaly en pôle position
La présidentielle ivoirienne approche à grands pas. Alassane Ouattara a fait ses adieux au pourvoir et devait donc logiquement passer la main à la jeune génération. En ligne de mire pour assumer cette lourde tâche, diverses personnalités non moins influentes de son parti. Si tous ont du mérite pour assurer la succession du président de la République, l’option Amadou Gon Coulibaly reste la plus plausible. Le premier ministre ivoirien dispose de bien des qualités qui le prédisposent à l’exercice de cette fonction. Auparavant secrétaire général de la Présidence, Amadou Gon Coulibaly cumule 27 années d’expérience dans la gestion des affaires de l’État, un élève émérite auprès du père-fondateur de la nation ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny, puis lieutenant fidèle d’Alassane Ouattara quand ce dernier était à la Primature de 1990 à 1993 et quand il prend les rênes du pouvoir d’État en 2011. Ingénieur des travaux publics, ex-directeur général adjoint de la Direction du contrôle des grands travaux (Dcgtx) de 1994 à 1995, le premier ministre ivoirien a aussi une carrière professionnelle bien remplie. Homme de mission, jamais dans la contestation, encore moins dans l’exaltation ou l’autocélébration, il donne une leçon d’humilité, d’obéissance et de patience à ses compagnons de route, à travers cette fidèle et étroite collaboration auprès du président de la République. Ouattara pourra donc compter sur lui pour assurer sa succession en toute quiétude.
A signaler que le premier ministre a reçu Amy Sissoko, de la Rti, qui a remporté le Prix spécial Sifca du meilleur journaliste en agro-industrie et le Prix spécial Jérôme Diegou Bailly de la meilleure enquête et l’Ambassadeur de la République Islamique d’Iran en Côte d’Ivoire, S.E.M. Koroosh Majidi. Ouattara vient de donner une leçon de démocratie en Afrique par sa décision de passer la main à une nouvelle génération. Preuve de son attachement aux valeurs qui fondent la vie ensemble et de son détachement du pouvoir en dépit de son bilan élogieux qui aurait pu lui faire pousser des ailes. Un exemple à suivre donc pour une Afrique nouvelle qui se construise grâce à l’apport de la pierre de chacun de ses fils et filles à l’édifice.
Thomas Azanmasso,Tribune d’Afrique